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Burkina Faso/Licenciement de Moussa Diallo : Des organisations dénoncent une “volonté farouche de décapiter la CGT-B”

Le gouvernement de Transition a adopté, le 25 avril 2024, un décret portant licenciement de Moussa Diallo. Cet enseignant-chercheur, assistant en philosophie, affecté au Centre universitaire de Manga rattaché à l’Université Norbert ZONGO, est accusé d’être en situation d’absence irrégulière de son poste de travail depuis le 8 décembre 2023. « Malgré le communiqué de mise en demeure radiodiffusé, l’intéressé ne s’est pas présenté jusqu’à expiration du délai. L’adoption de ce décret permet le licenciement de la Fonction publique de Monsieur Moussa Diallo, Me 105 092 R, enseignant chercheur, pour abandon de poste, à compter du 2 mars 2024″, avait justifié le gouvernement. Dans un communiqué daté de ce 29 avril, plusieurs organisations donnent de la voix. Il s’agit de la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGTB), la Fédération des Syndicats nationaux des travailleurs de l’Éducation et de la Recherche (F-SYNTER) et la Coordination Nationale des Enseignants-Chercheurs et des Chercheurs (CNEC). Elles dénoncent, entre autres, une farouche volonté du gouvernement, de “décapiter une centrale syndicale combative comme la CGT-B ». Cette décision répond, disent-elles, au désir du pouvoir de “faire taire toute voix capable de critiquer sa gouvernance”. Nous vous proposons l’intégralité du communiqué.

“Halte à la traque du SG de la CGTB par le pouvoir du MPSR 2 !

Le 29 janvier 2024 à l’aube, notre collègue camarade Moussa DIALLO, enseignant chercheur au centre universitaire de Manga (CUM) et par ailleurs Secrétaire Général (SG) de notre centrale syndicale (CGT-B) a été victime d’une tentative d’enlèvement à son domicile à Ouagadougou par des individus sans mandat dont certains étaient tenue de la police nationale. Le camarade n’a échappé à son enlèvement que grâce à l’intervention des voisins et militants de la CGTB. Cette tentative d’enlèvement fait suite à l’appel lancé par un groupe d’organisations dont le Collectif CGT-B pour la commémoration de l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. Les partisans du MPSR 2 avaient alors menacé les organisateurs de les attaquer à la machette sans qu’aucune réaction vienne de la part du gouvernement.

Puis, le 20 février 2024, un communiqué du Professeur Issa Abdou Moumoula, président de l’Université Norbert Zongo (UNZ) (dont relève le CUM), le sommait de rejoindre son poste dont il serait irrégulièrement absent depuis le 8 décembre 2023, sous peine qu’une procédure administrative soit engagée à son encontre. Pourtant le camarade continuait d’assumer ses obligations d’enseignant et ce même après son enlèvement avorté. Il a ainsi corrigé et transmis au CUM les copies de ses étudiants et il a proposé un sujet de rattrapage qui a été administré à ses étudiants le 25 mars 2024 de 15h à 17h. Après ce communiqué, la CNEC a déposé une demande d’audience auprès de messieurs le président de l’UNZ et le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche De l’Innovation (MESRI), le Pr Adjima Thiombiano, respectivement le 04 et le 15 mars 2024 pour discuter des menaces qui pèsent sur notre collègue et camarade. A ce jour, ces deux demandes sont restées sans suite malgré plusieurs relances.

Enfin, le 25 avril 2024, nous apprenions le licenciement arbitraire du camarade Moussa DIALLO en conseil des ministres en même temps que les licenciements de deux autres enseignants-chercheurs de l’Université Thomas Sankara(Aminata Boapoundi Toé/ Toguyeni et Relwendé Apollinaire Nikiema).

Mais, à l’évidence, ces deux derniers licenciements servent juste de saupoudrage pour camoufler la traque lancée contre notre SG et tenter de duper l’opinion publique. A titre d’illustration, Aminata Boapoundi Toé/Toguyeni est en disponibilité depuis au moins deux ans (comme l’a indiqué le conseil des ministres) et vit au Canada avec sa famille. Elle avait même par la suite déposé sa démission de son poste d’enseignant-chercheur de l’Université Thomas Sankara. Peut-on mettre sur même pied ce cas avec celui du Dr Moussa Diallo qui s’est mis en sécurité après avoir échappé à une tentative d’enlèvement qui n’a jamais été condamnée à ce jour par aucune autorité?

Cette décision inique montre encore une fois de plus que le MPSR 2 est coutumier de mensonges, de mauvaise foi manifeste et de perfidie. Comment peut-on demander à un enseignant victime de tentative d’enlèvements de rejoindre son poste si ce n’est pour l’enlever? Quelle garantie, le pouvoir a-t-il donnée pour permettre au camarade de rejoindre son poste sans risque d’enlèvement? Si un fait quelconque est reproché au camarade, aucune autorité ne l’a exprimé officiellement à ce jour.

Mais cette répression qui s’abat sur notre camarade n’est pas un cas isolé. En effet depuis l’avènement du MPSR 2, les enlèvements de citoyens par des hommes encagoulés, en tenues des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou en civil se sont banalisés dans notre pays, au mépris total de la loi en violation flagrante des libertés droits consacrés par notre Constitution que le capitaine Ibrahim Traoré s’est juré de respecter et de faire respecter. On peut citer entre autres les cas de Anselme Kambou, Lamine Ouattara, Me Guy Hervé Kam, Bassirou Badjo, Rasmane Zinaba, etc. et malgré des décisions de justice qui sont allégrement foulées aux pieds et avec mépris par les puissants du moment.

Ces attaques répétées contre la liberté politique et en particulier les libertés démocratiques et syndicales participent de cette volonté farouche de décapiter une centrale syndicale combative comme la CGTB et répond au désir du pouvoir de faire taire toute voix capable de critiquer sa gouvernance et en particulier l’exploitation à outrance imposée à nos populations en général et aux travailleurs en particulier, devenus la vache à lait du MPSR 2.

Face à cette situation, la Coordination nationale des Enseignants-chercheurs et des Chercheurs(CNEC):

-S’insurge contre les attaques répétées contre les libertés démocratiques et syndicales par le pouvoir du MPSR 2;

-Apporte son soutien sans réserve au camarade Moussa DIALLO et exige l’annulation immédiate de son licenciement arbitraire;

-Tient le gouvernement, en particulier le ministre d’État, ministre de la Fonction publique Bassolma Bazié et le ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche De l’Innovation (MESRI), le Pr Adjima Thiombiano, pour responsables de l’intégrité physique du camarade Moussa DIALLO.
Elle rappelle si nécessaire que les bourreaux et leurs complices répondront de leurs actes dans ce pays. Au moment venu, personne ne pourra nier ses responsabilités comme on l’a vu au cours de procès emblématiques comme celui sur l’assassinat de Boukary Dabo;

-Lance un appel à l’ensemble des enseignants-chercheurs chercheurs et à tous les démocrates à défendre leurs organisations de lutte et leurs responsables et à organiser la solidarité autour de toutes les victimes de l’arbitraire du régime du MPSR 2;

-Demande aux enseignants-chercheurs, aux chercheurs et à tous les démocrates de se mobiliser et de se tenir prêts pour répondre aux mots d’ordre que l’évolution de la situation commanderait.

Notre syndicat ne s’est jamais couché devant la tyrannie et il ne le fera jamais. Il se dressera activement aux côtés de notre peuple pour faire barrage à l’instauration de tout pouvoir despotique dans notre pays.

Non aux enlèvements et aux persécutions !

Non aux violations des décisions de justice et au déni de justice !

Vive la CGTB !

Vive le F-SYNTER !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Le Bureau de la CNECH”

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