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Burkina Faso : les « vérités » du Premier ministre à l’ambassadeur de l’Union européenne 

L’ambassadeur, chef de la Délégation de l’Union européenne, Wolfram Vetter, est en fin de mission au Burkina Faso. Il a rencontré, le 28 juillet, le Premier ministre Apollinaire Kyélèm de Tambèla. Ce dernier en a profité pour livrer un message destiné à la haute sphère de l’Union européenne. 

« Vous, en Europe, vous êtes développés; nous, nous sommes sous-développés. Vous avez une stabilité institutionnelle; ici, nous sommes dans l’instabilité institutionnelle. Le Burkina Faso est indépendant depuis 1960; il a, à son compteur, onze (11) chefs d’Etat« , indique le Premier ministre. 

Et voici le message : l’ambassadeur Wolfram Vetter est invité, de retour à Bruxelles, siège de l’Union européenne, de rapporter à sa hiérarchie que « les valeurs humaines sont universelles ».. Le Premier ministre demande à l’Union Européenne d’en tenir compte dans ses analyses concernant le Burkina Faso. Pour Me Kyelem de Tambèla, « il est temps que nous nous posions les vraies questions, que nous fassions un diagnostic afin de trouver l’origine du problème, pour éviter cette instabilité« , dit-il. « Quand vous parlez d’inclusion, cela peut se comprendre ou pas, car il y a des gens qui ont des agendas personnels pour leur propre intérêt. Nous, nous avons un agenda impersonnel pour l’intérêt général du pays« . Il affirme que les pays sous-développés comme le Burkina Faso ne peuvent pas avoir la même vision que les pays développés dans la gestion de la chose publique. 

Le chef du gouvernement a également abordé la cruciale question de la migration des jeunes Africains vers l’Europe. « Vous repoussez, chaque fois, les Africains qui viennent en Europe. Ils vont vers là où c’est mieux développé. On ne peut les arrêter qu’en donnant un espoir à chaque citoyen, en donnant un travail intéressant à chaque citoyen. C’est la seule façon d’empêcher que les gens regardent ailleurs« , soutient Me Kyelem. Il estime qu’il faut se pencher sur ces problèmes et chercher les voies et moyens pour que les populations africaines se réalisent sur place,  en Afrique. Selon le Premier ministre, les politiques des années 1960 ont démontré leurs limites. Il appelle les partenaires techniques et financiers à s’inscrire dans la nouvelle donne..

Autre point de préoccupation, la lutte contre le terrorisme. Apollinaire Kyelem de Tambèla affiche, là aussi,  sa position : « Ce problème de lutte contre l’insécurité fait qu’il nous faut mettre beaucoup de moyens pour acheter des armes et il faut aussi que nous fassions attention avec qui nous travaillons pour ne pas renforcer le camp des ennemis« , souligne-t-il.

Et ce n’est pas tout. Le Premier ministre a expliqué à l’Union Européenne, l’importance pour le Burkina Faso d’avoir une nouvelle Constitution. « La Constitution actuelle n’a pas d’impact sur nos sociétés. Même ceux qui sont instruits ne la comprennent pas; seuls quelques juristes la comprennent. On ne peut pas défendre quelque chose qu’on ne comprend pas. C’est pourquoi, un coup d’État est vite passé. Il est donc impératif de réformer la Constitution  afin qu’elle corresponde aux aspirations et réalités du peuple burkinabè« , a martelé le chef du gouvernement. Il ne s’agit pas de refaire des élections rapidement avec  la même Constitution et aboutir aux mêmes résultats, poursuit le Premier ministre. « Nous savons que c’est long, mais il faut qu’on réfléchisse afin de trouver la voie pour éviter la spirale qui consiste, chaque fois, à recommencer à zéro« , ajoute-t-il. 

L’Ambassadeur de l’Union européenne en fin de mission, Wolfram Vetter,  a exprimé, selon un communiqué de la Primature, sa satisfaction à l’endroit des autorités burkinabè pour leur esprit d’ouverture. Et aussi le fait qu’ils parlent de « sujets un peu plus délicats ».

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