A la UneSociété et Culture

Burkina Faso : Le MBDHP s’indigne contre une « réquisition massive et ciblée de citoyens »

Dans un communiqué publié ce 5 novembre, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) s’exprime sur ce qu’il qualifie de «réquisition massive et ciblée de citoyens » pour le front dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

« C’est avec indignation que le MBDHP apprend que, pour la énième fois, le MPSR 2 procède, en ce moment même, à une réquisition massive et ciblée de citoyens, en application du décret portant mobilisation générale et mise en garde », affirme cette organisation de défense des droits humains créée le 19 février 1989.

Selon le communiqué, de nouvelles réquisitions ont été opérées par le gouvernement de Transition. Ces réquisitions concernent, pour la plupart, des membres du Collectif d’organisations syndicales et de la société civile ayant annoncé la tenue d’un meeting le 31 octobre dernier à la Bourse du travail de Ouagadougou.

Sont aussi réquisitionnés, « des journalistes, leaders d’opinion et hommes politiques, critiques sur la gestion actuelle des affaires de notre pays », relève le communiqué.

« La réquisition, une stratégie pour réprimer les voix discordantes »

« Ces réquisitions, de par leur nombre et de par l’identité des personnes concernées, finissent d’achever de convaincre les plus sceptiques sur les motivations réelles de leurs initiateurs », déclare le MBDHP.

Il estime que « le décret portant « mobilisation générale et mise en garde » a été spécialement conçu et adopté non pas pour contribuer à la lutte contre le terrorisme dans notre pays, mais pour réprimer toute personne émettant un avis sur la gestion actuelle du pays, qui ne rencontrerait pas l’assentiment des puissants du moment ».

« Cette situation n’est pas acceptable. Elle traduit clairement la volonté manifeste des autorités actuelles de museler toutes les voix discordantes et constitue un pas en avant dans la fascisation du pouvoir », martèle le MBDHP. Les « réquisitions émises jusqu’ici constituent clairement des abus de pouvoir qui engagent la responsabilité individuelle de leurs auteurs », affirme l’organisation.

Libertés

« Le MBDHP informe les dirigeants actuels de notre pays que ses militants, avec d’autres composantes du peuple burkinabè, ont payé de leur sueur et de leur sang pour la conquête d’espaces de liberté dans notre pays », indique le communiqué.

Et concernant la question des libertés individuelles et collectives, le MBDHP déclare : « Nous tenons et tiendrons toujours, quoi qu’il advienne ».

Appel

L’organisation lance un appel à la mobilisation contre ce qu’il qualifie d’arbitraire.

« Pour l’heure, le MBDHP appelle l’ensemble des démocrates de notre pays, épris de justice et de paix, à se mobiliser contre l’arbitraire et contre toutes formes d’injustices », conclut le communiqué.

Depuis l’avènement du régime du Capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, des civils sont réquisitionnés de force et amenés au front. Un décret instituant la « mobilisation générale et la mise en garde » a été signé par le Chef de l’État le 19 avril 2023.

Cette disposition confère aux autorités, « le droit de requérir les personnes, les biens et les services, le droit d’appel à l’emploi de défense à titre individuel et collectif ».

Toutefois, certains acteurs burkinabè pensent que les personnes réquisitionnées ont un dénominateur commun : ils sont tous critiques vis-à-vis du pouvoir en place. Ils citent en exemple l’activiste Boukari Ouédraogo et le médecin Arouna Louré, conduits de force dans la région du Nord.

Harouna Louré, médecin anesthésiste-réanimateur est toujours sur le champ de bataille/@DR

Le Docteur Louré avait effectué une publication dans laquelle il avait tenu des propos jugés « virulents » sur la gestion du régime militaire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page