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Burkina Faso : l’agriculture hors sol, une alternative contre la crise alimentaire

L’agriculture hors sol est une technique de production agricole dans un espace restreint. Très peu connue au Burkina Faso, cette technique présente beaucoup d’avantages en termes de rentabilité. Dans un contexte sécuritaire difficile où les denrées alimentaires se font de plus en plus rares, elle pourrait être un moyen salvateur pour palier la crise alimentaire que subissent les populations.

L’agriculture hors sol ou hydroponie est toute culture  faite sans contact direct avec le sol.  On utilise ainsi, en remplacement du sol, d’autres substrats tels que les fibres de coco, les billes d’argile, les coques d’arachide, les silures de bois, les balles de riz, l’eau ou tout autre substrat neutre et inerte. Cette technique agricole  est très favorable à la maraicher-culture et aux arbres fruitiers. 

L’utilisation de l’agriculture hors sol remonte date du  19e siècle où des chercheurs allemands ont réussi, en 1860, à faire pousser des plantes dans des milieux aquatiques. Bien avant, ce mode de culture était beaucoup utilisé chez les aztèques et les romains, mais de manière artisanale et moins sophistiquée. 

L’agriculture hors sol présente beaucoup d’avantages. Elle est  écologique et ne nécessite quasiment pas  de pesticides chimiques. Et même si des pesticides sont utilisés, c’est en très faible quantité. Elle est très rentable par rapport à la méthode conventionnelle. Les plantes en agriculture hors sol bénéficient de plus de nutriments et de sels minéraux par rapport à la méthode conventionnelle. Par ailleurs, avec la technique hors sol, on peut produire toute l’année, dans les grands espaces comme dans les espaces restreints tels que des garages à domicile.

Au Burkina Faso, l’histoire de cette technique agricole est très récente. Quelques entrepreneurs et producteurs se sont essayés à cette technique et semblent y tirer profit. Mais elle reste encore méconnue de bon nombre de producteurs burkinabè. 

Selon Prosper Zemba, Directeur du développement des productions agricoles au ministère en charge de l’agriculture, cette technique a été intégrée dans la liste des techniques agricoles recommandées par le ministère en 2019. Ce dernier organise, de plus en plus, des séances de formation en faveur de ses agents qui, à leur tour, vont dans les zones rurales pour faire bénéficier des connaissances apprises aux producteurs locaux.

L’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et contre la Faim, dans son rôle régalien de lutte contre la faim dans les pays défavorisés, a également pris conscience des avantages que présente cette technique agricole. Elle a même organisé des formations en culture hors sol au profit des producteurs dans la région du Centre et du Centre-Ouest. Elle a également mis à leur disposition du matériel pour mieux pratiquer cette culture. 

Astride Koné, pionnière dans le milieu

Née d’un père agent technique agricole, Astride Koné s’intéresse à l’agriculture dès son jeune âge. Une fois adulte, elle se spécialise dans le domaine de l’agriculture hors sol qui, apparemment, lui réussit. Promotrice d’une entreprise de production maraichère, Astride Koné dirige une unité de formation en agriculture hors sol appelée « Agro Store Production ». Avec près de dix sites de productions, Astride Koné entend révolutionner le secteur agricole au Burkina Faso. 

Madame Astride Koné

Dans le cadre de la journée internationale de la femme,  laministre en charge de l’Action humanitaire et du genre, Nandy Somé, a visité deux des sites de production d’Astride Koné. Une occasion pour inviter les femmes, surtout celles déplacées internes, à s’intéresser davantage à cette technique agricole.

Le thème de la journée internationale de la femme colle parfaitement avec l’activité de l’agriculture hors sol :  «  Contribution de la femme à la production agricole dans un contexte de crise sécuritaire et humanitaire : la promotion de la culture hors sol comme alternative ». Pour la ministre en charge de la Femme, l’agriculture hors sol est un moyen de vaincre la précarité dans laquelle vivent les personnes déplacées internes (PDI), particulièrement les femmes.

À ce propos, Astride Koné a  formé près  de 150 femmes déplacées internes de la ville de Ouahigouya grâce à un partenariat avec le ministère de la Femme. D’autres en ont bénéficié   dans la ville de Kaya et de Dédougou. « Les retours sont vraiment positifs. Ces dames ont réussi à produire; elles arrivent à nourrir leurs familles et l’excédent de leurs productions, elles le vendent pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles » , fait-elle savoir. 

En raison du contexte sécuritaire difficile dans plusieurs localités, de nombreux producteurs ont dû fuir en abandonnant leurs terres. Astride Koné croit fermement que l’agriculture hors sol permettra d’inverser la tendance et même d’en tirer profit. « Il y a les femmes PDI que nous avons formées sur leurs sites d’hébergements, qui pratiquent cette culture sur des espaces de 12 m² et qui s’en sortent aussi » a-t-elle rajouté.

Autrefois considéré comme un secteur pour les moins instruits, l’agriculture, surtout le hors sol, se présente de nos jours comme une aubaine pour révolutionner l’industrie agricole, et atteindre l’autosuffisance alimentaire. « L’agriculture, c’est aussi pour ceux qui sont allés à l’école, car ils ont la capacité d’innover, d’apporter du sang neuf dans ce domaine », déclare la promotrice d’Agro Store Production.

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