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Burkina Faso : “La situation sécuritaire est plus qu’alarmante” (Volker Türk, Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU) 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Volker Türk, séjourne à Ouagadougou depuis hier. Il a eu un tête à tête, ce 21 mars, avec le Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré. Plusieurs sujets ont été abordés. Entre autres, la situation sécuritaire, socio-économique et humanitaire au Burkina. Il s’est adressé à la presse après les échanges. Évoquant la nécessité de “forger un nouveau contrat social” au Burkina. Et d’assurer une “participation inclusive de tous les Burkinabè au processus de transition”.

“Je suis venu ici exprimer ma solidarité avec le peuple burkinabè en ces temps difficiles. Et pour m’engager, au plus haut niveau, sur la situation des droits humains”, indique Volker Türk.

La situation sécuritaire et humanitaire au Burkina n’est pas reluisante, dit-il. Le pays traverse “une grave situation sécuritaire”, a-t-il souligné.

Des journalistes présents à la conférence de presse/@LK

“La souffrance de millions de Burkinabè est déchirante. Il y a 2,3 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire. Plus de deux millions de personnes déplacées internes, ainsi que 800 000 enfants non scolarisés. Au total, 6,3 millions de personnes sont dans le besoin d’assistance humanitaire”, a-t-il relevé.

Et à ce sujet, il déplore le silence de la Communauté internationale. Cette question a disparu, dit-il, de l’agenda international.

“Les ressources mises à disposition sont totalement insuffisantes pour répondre à l’ampleur des besoins des populations”, a-t-il ajouté.

La situation sécuritaire est cependant, selon Volker Türk, “plus qu’alarmante” et la situation humanitaire “extrêmement précaire”.

Des droits primordiaux, comme le droit à la vie, à l’éducation, à l’alimentation et à l’eau sont remis en cause du fait de la situation sécuritaire.

@LK

“Une grande partie du pays est terrorisée par des groupes armés. En 2023, mon Bureau a documenté 1335 violations et abus des droits humains et du droit humanitaire, avec au moins 3800 victimes civiles. Les groupes armés sont responsables de la grande majorité des violations commises contre les civils”, a-t-il relevé.

La protection des civils est, dit-il, primordiale. “Une telle violence gratuite doit cesser et les auteurs doivent répondre de leurs actes”.

Concernant la violation des droits de l’Homme, il dit être encouragé par des déclarations des autorités burkinabè selon lesquelles, des mesures sont prises pour veiller à ce que le “comportement des Forces de défense et de sécurité (FDS) et celui des Volontaires pour la défense de la partie (VDP) soient pleinement conformes au droit international humanitaire. Ainsi qu’au droit international concernant les droits de l’Homme. Il faut, dit-il, effectuer des enquêtes lorsqu’il y a des allégations d’exécution sommaires.

“Je suis reconnaissant de ces assurances qui arrivent en même temps que des rapports faisant état de violations graves commises par les FDS et les VDP qui doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et de mesures correctives. Cela est essentiel pour instaurer un climat de droit et d’ordre, pour bâtir la confiance entre les civils et les autorités et pour éviter l’impunité”, a-t-il lancé.

Volker Türk plaide également pour une transition inclusive.

@LK

“Dans le contexte de la transition au Burkina, il est essentiel de garantir la participation significative et inclusive, y compris des femmes, des jeunes et de toutes les communautés, même les plus marginalisées”, a-t-il préconisé.

Il est également essentiel, ajoute-il, de créer un environnement favorable aux acteurs de la société civile. Et d’écouter les points de vue divergents. Cela afin que chacun puisse exercer ses droits humains sans crainte de représailles.

Il s’engage donc à “accompagner le peuple burkinabè dans les prochaines étapes de la transition, ancrées dans les droits humains”.

Il lance par ailleurs un appel à la communauté internationale. Son alerte porte sur ce qu’il appelle “la grave situation à laquelle sont confrontés les Burkinabè”.

Lire aussi | Nations unies : Le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme rencontre le Capitaine Ibrahim Traoré à Ouaga aujourd’hui 

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