A la barre ce 15 juin 2023, trois présumés terroristes : D.A, B.I et D.I. Ils sont inculpés pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, formation au maniement des armes à des fins terroristes et détention illégale d’armes à feu ». Devant les juges du tribunal de grande instance Ouaga 2, ils reconnaissent partiellement les faits. Ils écopent de 21 ans d’emprisonnement assortis d’une amende de 10 millions de francs CFA.
Le procès des présumés terroristes a repris ce 15 juin. Contrairement aux trois premiers jours, l’audience connaît de l’affluence, même si la moitié de la salle est occupée par des gardes de sécurité pénitentiaire. Les prévenus, déjà installés dans le bloc des accusés, attendent l’entrée des juges. Quelques minutes après, le tribunal fait son entrée et procède à l’ouverture de l’audience.
D.A est appelé à la barre. Son audition commence. Âgé de 20 ans, il reconnaît avoir rejoint volontairement un groupe terroriste dont «A» est le chef, « après que son ami, qui y était, soit revenu avec une forte somme d’argent ». Il s’agit d’un groupe actif dans la forêt de Mangodara, dans la région des Cascades, au Burkina Faso. Ce groupe est l’auteur de plusieurs assassinats, enlèvements et pillages. Après avoir suivi une formation de dix jours au sein du groupe, D.A indique avoir regagné son domicile avec l’intention de ne pas y retourner. A l’en croire, la formation a consisté « à faire du sport et à développer ses croyances religieuses ».
Le juge relève cependant des incohérences dans son témoignage, contraires à ce qui figure dans l’ordonnance du juge d’instruction. L’ordonnance indique qu’il détenait des armes à feu. « Je n’ai jamais tenu d’armes », persiste-t-il malgré l’insistance du juge.
« Le coupeur de route cherche à manger, le terroriste cherche à tuer » (B.I)
Après D.A, un autre prévenu, B.I, un éleveur, passe à la barre. Il dit avoir été invité par son ami T.A à les rejoindre. B.I ravitaillait ainsi le groupe en carburant et en aliments.
Comme D.A, il avoue avoir été formé par le groupe pour combattre les autorités et instaurer la charia, mais il dit n’avoir pas appris à manier les armes. Selon lui, le groupe était composé d’au-moins trente personnes. Ses membres étaient armés de kalachnikov. Lui également avait une arme mais il affirme devant les juges qu’il le détenait « juste pour le plaisir de le détenir ».
A l’en croire, le chef du groupe auquel il a adhéré est I., même s’il nie avoir connaissance du nom du groupe. De quoi offusquer l’un des juges pour qui il n’y a nul doute que ce dernier connaissait bien le groupe. « Oui ! Je connais ce groupe », rétorque-t-il finalement au juge.
« Je les ai aidés volontairement », confesse B.I. Et il s’explique : « Je pensais que c’étaient des coupeurs de route ». Surpris, le juge lui demande de donner la différence entre un coupeur de route et un terroriste. « Le coupeur de route cherche à manger et le terroriste veut tuer les gens », dit-il. Après des débats houleux entre lui et les juges, il confesse avoir été « manipulé pour aller tuer des gens ».
L’audition de D.I, un autre prévenu, vient clore le dossier du jour. Poursuivi pour les mêmes faits, il dit avoir passé huit mois au sein de ce groupe d’hommes armés affilié à un autre groupe actif au Burkina. Il s’occupait des corvées telles que la cuisine et l’eau. Il dit avoir été entrainé dans ce groupe par son ami D.D. Et qu’il y est allé pour des raisons financières.
Au regard de ces faits, les juges, après avoir délibéré, ont relaxé D.A et D.I pour les faits de détention illégale d’armes, au bénéfice du doute. Cependant, il les déclare coupables des autres faits, à savoir association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et formation au maniement des armes à des fins terroristes. Ils écopent chacun de 21 ans d’emprisonnement dont 10 ans fermes et 8 ans de sûreté, assortis d’une amende de 10 millions de francs CFA.
Quant à B.I, il est reconnu coupable de tous les faits qui lui sont reprochés. Il est condamné à 21 ans d’emprisonnement fermes dont 14 ans de sûreté et une amende 10 millions de francs CFA.