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Burkina Faso/École Kamboinsin C : 240 élèves déplacés internes effectuent leur rentrée 

Élèves et enseignants ont repris, ce 2 octobre, le chemin de l’école, non sans appréhension pour certains. L’école primaire publique Kamboinsin C de Ouagadougou accueille, cette année, environ 240 élèves déplacés internes.

7h du matin. Les élèves se retrouvent dans la cour de l’école avant le début des classes. Parmi eux, un groupe portant des cartables estampillés du logo de l’UNICEF. Ces kits scolaires leur ont été offerts en juillet, en prévision de leur inscription dans cet établissement de la capitale burkinabè. Ces élèves viennent pour la plupart de Silgadji, une localité du nord du pays touchée par l’insécurité.

Abdoul-Aziz, 13 ans, a fui son village avec sa famille en 2018. Après avoir été scolarisé dans une école privée de Ouagadougou, il intègre cette année une école publique pour préparer son certificat d’études primaires (CEP). Une trentaine d’élèves déplacés sont présents ce matin, mais ils seront 240 cette année sur les bancs de l’école Kamboinsin C.


Abdoul-Aziz Sawadogo, élève déplacé interne/@E.O

Pendant les vacances, ils ont bénéficié de deux mois de mise à niveau avant leur insertion dans les classes. Un défi de taille pour les encadreurs, comme l’explique la directrice de l’établissement : « Ils sont venus de localités différentes; certains ont passé plusieurs années à la maison. On les enseigne d’abord en deux mois avant qu’ils intègrent les classes ».

Il s’agit d’évaluer leur véritable niveau scolaire avant de les orienter dans des classes adéquates. En effet, ces élèves n’ayant aucun document officiel attestant de leur parcours scolaire antérieur, les enseignants doivent recourir à d’autres méthodes pour déterminer leurs connaissances et leur niveau d’études. « Certains élèves que j’ai tenus en classe de CM1 durant la mise à niveau ne pouvaient même pas lire le titre du livre de lecture », témoigne Pascaline Sanou. 

Sans bulletins scolaires ni diplômes, il est impossible de connaître le niveau réel des apprenants. Les professeurs n’ont d’autre choix que de les évaluer directement pour adapter au mieux leur orientation dans les classes. Cette mise à niveau permet donc de pallier l’absence de documents administratifs et de placer ces élèves là où ils pourront suivre, au mieux, les enseignements.

Effectif pléthorique 

Avec ses six classes de 60 élèves chacune, l’école Kamboinsin C fait face à un effectif pléthorique cette année. Certaines classes comme le CP1, prévu pour une soixantaine d’élèves, comptent déjà 137 inscrits, alors que d’autres élèves déplacés doivent arriver. Les parents se battent pour obtenir une place pour leurs enfants, mais beaucoup repartent déçus, faute de place.

Pascaline Sanou, enseignante à Kamboinsin C/@E.O

« On nous dit de ne pas refuser un élève déplacé interne. Mais voyez, vous-même, la réalité. Ils sont assis par quatre et nous manquons déjà de table-bancs; en plus, la salle est petite », se désole Pascaline Sanou, institutrice en classe de CM1. Au total, ce sont près de 900 élèves, déplacés compris, qui fréquenteront l’établissement cette année.

Pour Aline Palogo, parent d’élève, il faudrait que chaque parent mette la main à la patte afin de suivre les enfants dès leur domicile. Cela pourrait, selon elle, soulager les éducateurs. « L’éducation n’est pas seulement le rôle des enseignants. Les parents doivent s’y mettre, en premier. Nous devons aussi mettre la main à la patte pour que l’enfant réussisse. L’enseignant ne peut pas tout faire », souligne-t-elle. 

 

Cantine scolaire, motivation pour les élèves déplacés 

La cantine scolaire semble être une motivation pour certains élèves déplacés. « On a vraiment besoin d’un suivi à la cantine, parce que c’est cela qui les motive », constate l’un des encadreurs. 

Le nouvel établissement temporaire d’apprentissage (ETA), construit au cours de l’année scolaire écoulée, pour accueillir les élèves déplacés, a été endommagé par les intempéries. Les parents d’élèves se mobilisent pour le reconstruire de façon plus durable. Mais ils manquent de moyens financiers. « C’est l’initiative de l’association des parents d’élèves (APE). Elle ne bénéficie même pas d’accompagnement. Il aurait fallu un accompagnement pour au moins remonter, de part et d’autre, et faire un toit pour que cela puisse ressembler à une classe », déplore la directrice.

Face à cet afflux d’élèves en situation difficile, écoliers et enseignants lancent un appel à l’aide. De nouvelles infrastructures et davantage de vivres à la cantine sont nécessaires pour leur offrir de meilleures conditions d’apprentissage. Un suivi psychologique au profit de ces élèves déplacés internes également est nécessaire pour les aider à surmonter les chocs vécus du fait du terrorisme. 

 

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