Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) s’est prononcé, le 27 avril 2023, sur le massacre survenu à Karma le 20 avril. Il affirme que des exécutions sommaires ont également eu lieu dans les villages de Dinguiri, Ramdolah, Kerga et Ménè, dans la commune de Barga, région du Nord. Le Collectif dénombre 136 corps sans vie à Karma dont 50 femmes et 21 enfants.
« Dans les autres villages, au moins 6 personnes ont été tuées à Dinguiri, 2 personnes à Ménè ainsi que 3 autres sur la route Ouahigouya-Barga. Une dizaine de civils blessés ont été transférés au Centre hospitalier universitaire de Ouahigouya », affirme le CISC dans son communiqué.
Selon le CISC, lorsque les hommes armés arborant des tenues militaires burkinabè sont arrivés à Karma, « ils ont regroupé les civils par dizaines et par quartiers, en prenant soin d’affecter des hommes armés à chaque regroupement, avec pour mot d’ordre : ‘’Tuez tout le monde’’. Parmi eux, un s’est illustré par son caractère cruel, car il menaçait les hommes chargés des exécutions d’accélérer les tueries ».
Néanmoins, dix-neuf personnes, placées sous la garde d’un sous-groupe, ont été épargnées, car ces hommes armés ont désisté par la suite, affirme le CISC. Le collectif condamne avec force et véhémence, cette barbarie qui fait suite à plusieurs autres. « 8 mars 2023 à Rollo : 21 personnes tuées au cours d’une opération conduite par des hommes armés assimilés à des FDS et des VDP ; 2 février 2023 à Sakoani, Piéga, Kankangou: 30 personnes assassinées par un convoi militaire qui escorte la mine de Boungou ; 8 août 2022 à Tougouri : au moins 50 personnes assassinées lors d’une opération militaire; 30 et 31 décembre 2022 à Nouna: plus de 28 personnes tuées par des dozos enrôlés VDP », soutient le communiqué.
Le CISC interpelle le chef de L’Etat, le président Ibrahim Traoré, à se démarquer, et à revoir en urgence la politique de lutte contre le terrorisme qui est en train, dit-il, de conduire à une banalisation de la vie. Le collectif exige également « une enquête judiciaire complète et impartiale sur ces crimes horribles de civils, afin de traduire tous les responsables et les commanditaires devant la justice nationale et internationale; le respect des accords internationaux en matière de droits humains, ratifiés par le Burkina Faso ».
Le drame survenu à Karma suscite de vives réactions. Plusieurs organisations internationales, dont l’Union européenne et les Nations unies, ont dénoncé ces « actes ignobles ».