A la UneSociété et Culture

Burkina Faso : Comment les élèves déplacés internes participent aux examens scolaires

La crise sécuritaire que vit le Burkina Faso a un impact négatif sur bon nombre de domaines, particulièrement l’Éducation.  En mars 2023, environ 6 334 établissements scolaires étaient fermés, affectant ainsi près de 1 089 732 élèves et 32 332 acteurs de l’éducation. Au regard de ces chiffres exorbitants, un système est mis en place pour permettre aux élèves déplacés internes (EDI) de participer aux examens scolaires. Il s’agit d’un  accompagnement éducatif, économique et humanitaire.

Selon le Secrétariat technique de l’Education en situation d’urgence (ST/ESU), créé en 2019 pour faire face aux conséquences du terrorisme et des autres crises sur l’éducation, près de 50 000 élèves en classe d’examen ont été délocalisés. Une initiative locale qui consiste à délocaliser les élèves et leurs enseignants dans des zones moins affectées par le terrorisme afin de poursuivre les cours dans la quiétude. Pour le moment, seuls les élèves en classe d’examen sont concernés par ce système.

Le Certificat d’études primaires (CEP) enregistre 17 018 candidats délocalisés venus de différentes régions affectées par le terrorisme.  Le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) compte 10 072 candidats délocalisés. Et les candidats délocalisés pour le Baccalauréat sont au nombre de 1931. Seules les régions du Centre, du Centre-Sud et du Plateau-Central ne comptent pas d’établissements délocalisés. En plus de ces trois régions, toutes les autres connaissent ce phénomène de délocalisation. Bien évidemment, ces chiffres ne sont pas exhaustifs compte tenu du caractère évolutif de la situation. « A quelques jours de l’examen, il peut toujours y avoir des établissements qui seront délocalisés, donc ces chiffres sont provisoires », affirme Elothère Somda, chef de service au ST/ESU.

Le gouvernement se charge d’accompagner ces candidats aux examens avec un appui financier. Ainsi, les candidats au CEP, durant la composition, ont droit chacun à 1 500 francs CFA, ceux du BEPC recevront 2 000 francs par candidat. Les candidats au Baccalauréat recevront, eux, 3 000 francs également. « Quand on dit 1 500 francs par enfant, vous allez penser que c’est peu. Avec 17 018 candidats, on se retrouve  avec près de 25 725 000 francs pour le CEP seulement », explique  Elothère Somda. Outre cet accompagnement financier, les candidats sont logés et nourris pendant les examens par l’Etat.

A cela s’ajoute un accompagnement sur le volet humanitaire. Des kits de couchage, des kits scolaires et des kits hygiéniques sont offerts aux EDI et aux élèves hôtes vulnérables durant l’année scolaire. Des bourses sont également octroyées aux meilleurs d’entre eux grâce aux partenaires tels que la CEDEAO et l’UNICEF. A moins d’un mois du début des examens scolaires, Elothère Somda rassure que les fonds sont disponibles pour l’accompagnement de ces candidats délocalisés.

Les établissements temporaires d’apprentissage (ETA)  pour contrer les effets de la crise sécuritaire

Lancé en 2021 par le gouvernement, les ETA sont des dispositifs mis en place provisoirement pour faire face aux crises qui touchent le secteur de l’Éducation, notamment la crise sécuritaire. Ces ETA sont installés dans des zones à fort défi sécuritaire tels que le Sahel, l’Est, le Centre-Nord et la Boucle du Mouhoun. Généralement, ce sont des hangars construits avec des matériaux pas très durables, implantés près des écoles.  « Lorsque les élèves déplacés internes arrivent dans une zone avec leurs familles et qu’il y a une structure éducative dans cette zone, on les accueille et on les réinscrit. S’il arrive qu’ils sont très nombreux, on met en place des espaces/établissements temporaires d’apprentissage pour leur permettre de poursuivre leur scolarité. Il y a des enseignants qui sont redéployés à cet effet », explique Marie Béatrice Tougma, chef du département plaidoyer et mobilisation sociale du ST/ESU. Selon elle, la ville de Ouagadougou abrite aussi des ETA compte tenu du nombre de PDI de plus en plus croissant.

Un ETA vu de l’intérieur/Ph Edwige Ouoba

C’est un dispositif qui permet de  pallier la fermeture des écoles. En effet, compte tenu des effectifs de plus en plus grands dans  les établissements implantés dans les zones à fort défi sécuritaire, la mise en place de ces ETA dans les zones moins affectées par le terrorisme permet de poursuivre l’année scolaire avec tous les élèves dès leur arrivée dans ces localités, selon Béatrice Tougma . Les EDI en classe d’examens bénéficient donc de ces dispositifs pour maintenir le cap et avoir la chance de participer aux examens scolaires.

Nous nous sommes rendus à Panzani, quartier périphérique de Ouagadougou qui accueille de nombreux déplacés dont des EDI. A l’école primaire Kamboinsin C de Panzani, l’Etat a mis en place un ETA en mars 2023 avec l’appui financier des Etats-Unis d’Amérique. C’est une sorte de hangar clôturé avec une bâche et dont la toiture est faite en paille.  

Cet ETA  n’est pas fonctionnel pour le moment. La principale raison est qu’il a été construit à trois mois de la fin de l’année scolaire. « Les élèves en surplus avaient déjà été inscrits dans une école privée non loin d’ici par l’Etat lui-même dès le début de l’année. Les délocaliser allait perturber leurs cours. C’est la raison pour laquelle cet ETA est toujours vide », explique un enseignant de cette école primaire.

Il espère que cet établissement temporaire d’apprentissage pourra tenir face aux intempéries jusqu’à la rentrée prochaine car il est déjà éprouvé par les enfants. En effet, l’ETA livré il y a moins de deux mois, comporte déjà des fissures causées par les élèves, selon l’enseignant. Cette situation risque d’impacter négativement la prochaine rentrée dans cet établissement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page