A la UnePalais de Justice

Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : « on nous a dit que l’ordre venait d’en haut » (témoins)

Le procès sur l’ « affaire Vincent Dabilgou » continue ce 27 juin avec l’audition des témoins. A la barre, les directeurs régionaux des Transports de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et de la région du Nord. Ils affirment avoir signé de faux bordereaux après avoir été contactés par Ousmane Sigué, comptable-matière du ministère des Transports. Ces bordereaux indiquent qu’ils ont reçu une dotation en carburant alors qu’il n’en est rien.

« J’ai été appelé par Ousmane Sigué. Il m’a dit qu’ils avaient des difficultés à justifier du carburant. Il m’a fait signer des documents comme si on avait eu une dotation en carburant. J’ai signé le premier bordereau de 9 millions 315 mille francs le 1er juillet 2020. J’ai signé deux autres bordereaux après. J’ai trouvé ça bizarre. Mais il m’a dit que l’ordre venait d’en haut », affirme le témoin Aristide Meda, directeur régional des Transports de la région de la Boucle du Mouhoun.

« Pourquoi vous acceptez de signer de faux bordereaux? », s’étonne le procureur. « On m’a dit que l’ordre venait du ministre » répond le témoin. 

Interrogé, Ousmane Sigué avoue effectivement avoir contacté le témoin sur ordre de l’ex-DAF, Jean Gabriel Séré. Ce dernier nie les faits  « Je n’ai pas instruit Sigué d’appeler les directeurs régionaux Transports. Quand le problème s’est posé, il m’a proposé des solutions et j’ai dit qu’il pouvait y aller », indique Jean Gabriel Séré.

Ali Ramdé, directeur régional des Transports des  Cascades, est dans la même situation que le témoin Aristide Meda. Il a également été contacté par Ousmane Sigué pour signer de faux bordereaux. Et il a signé car « l’ordre venait d’en haut » dit-il

« Votre statut de témoin peut changer à tout moment car ce que vous avez fait est grave. On aurait pu vous poursuivre en bonne et due forme. On a tenu compte de certains paramètres, sinon vous seriez là en tant que prévenu », s’écrie le procureur.

Une affaire d’enveloppe…

« On a conscience que l’acte n’était pas normal mais comme l’ordre venait d’en haut, on a pas discuté », ajoute Ibrahim Sanfo, directeur régional des Transports de la région du Nord. Plus tard, il perd son boulot. Une seule explication est possible selon lui. « Chaque fin de mois, il était question que j’envoie une enveloppe au directeur de cabinet du ministre. Chose que j’ai refusé et finalement, cela m’a coûté mon poste », affirme-t-il 

Pour les avocats de l’ex-ministre, rien ne prouve que l’ordre vient effectivement de leur client. Car tous les témoins ont utilisé les expressions « patrons ».  

Le procès continue au TGI Ouaga 1

Un commentaire

  1. Quand l’ordre vient « d’en haut », si tu veux garder ton poste, tu as intérêt à signer. Ceux qui vont parler de probité ou je ne sais quoi, ne vivent pas sur notre planète. Ils se sont construits un monde idéal. On est tous amener à commettre des délits un moment où l’autre pour protéger nos intérêts.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page