A la UnePalais de Justice

Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : « 36 motos ont été livrées au siège du parti » (Seydou Compaoré, témoin)

Le procès sur l’ « affaire Vincent Dabilgou » se poursuit avec l’audition des témoins. Seydou Compaoré, le fournisseur des motos, est à la barre. Si l’ex-ministre Vincent Dabilgou a affirmé lors de son audition ne pas connaître Seydou Compaoré, lui par contre affirme avoir eu des échanges avec l’ex-ministre et affirme aussi s’être rendu dans son bureau.

A la barre, Seydou Compaoré témoigne: « une fois, j’ai été appelé par le ministre; c’était en novembre 2020. Il m’a demandé si nous vendions des motos. J’ai répondu par l’affirmative.

Il a donc passé mon numéro à Séré pour les encaissements. Si je me rappelle bien, il y a eu trois livraisons. 15 motos la première fois, 15 motos  une deuxième fois et 6 motos une troisième fois. En tout, 36 motos.Toutes les motos ont été livrées au siège du NTD. Pour la première facture, je me suis rendu au ministère. Ils m’ont dit de voir Seré, qui m’a fait un chèque. Malick Kouanda (ex-DG de la SOPAFER-B) m’a également fait un chèque de deux millions ».

Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : l’ex-ministre enfin à la barre !

« Ce chèque était logé dans quelle banque ? », demande immédiatement le procureur. « Dans la banque Ecobank » répond le témoin sans hésiter. 

Pour le procureur, le lien est clair. Le compte Ecobank dont parle le témoin est le compte Ecobank du ministère des Transports, de la Sécurité routière et de la Mobilité urbaine. C’est un détournement de deniers publics, conclut le procureur.

Jean Gabriel Seré, ex-DAF du ministère des Transports, ne nie pas. « Courant 2020, il est venu dans mon bureau. Il venait de la part du ministre et il était question de livraison et de paiement de motos. Chaque fois qu’il m’envoyait une facture, je lui faisais un chèque », indique-t-il.

Malick Kouanda, ex-DG de la SOPAFER-B, aussi ne nie pas connaître Seydou Compaoré. « Je le connais. Les cadres du NTD devaient contribuer pour lachat des motos. Compaoré est venu dans mon bureau au nom du ministre« .

Contradictions…

« Je ne le connais pas; je n’ai pas eu de communication avec lui; je ne l’ai jamais rencontré. La plupart des motos commandées sont à Megamonde », déclare le ministre, restant ferme sur sa position. 

Le procureur ne crois pas en la déclaration du ministre. « Il ya eu quatre appels téléphoniques entre Dabilgou et Compaoré. Le 16 octobre 2020, a eu lieu le premier appel à 11h54. Il y a eu des appels le 26 octobre 2020. Il ya eu trois appels dans cette journée. Les échanges WhatsApp sont également versés au dossier . M. Dabilgou est complètement libre de dire qu’il n’a jamais eu de conversation. Mais les pièces sont versées au dossier » ,indique le procureur à l’intention du tribunal.

L’ex-ministre reste ferme sur sa position. « Je ne le connais pas. S’il a émis des appels envers mon téléphone, ça n’engage que lui. Je n’ai pas eu de communication avec Compaoré ». 

Seydou Compaoré, lors de son témoignage, a affirmé avoir été contacté par Dramane Nignan, l’un des vice- présidents du parti « Nouveau temps pour la démocratie ».  Nignan, également témoin dans cette affaire, donne une autre version des faits. « C’est lui (Seydou Compaoré) qui m’a contacté dans le cadre des activités professionnelles. Il est venu me voir pour vendre ses motos. Ils sont venus dans mon bureau pour vendre des motos à ma structure. Dans le cadre des campagnes électorales, ils sont venus voir si je pouvais les mettre en contact avec le président du Parti pour vendre ses motos. J’ai dit ‘non’ car le président du parti est ministre. Mais je l’ai orienté vers le parti. Je n’en ai pas parlé avec le ministre, ni avec M. Seré », indique le témoin.

Pour les avocats de Vincent Dabilgou, le témoignage de Dramane Nignan est clair. « Cela prouve que Seydou Compaoré ment ». Ils ont vite été recadrés par le président. « Vous pouvez dire qu’il ne dit pas la vérité mais dire qu’il ment, c’est fort ».

Le procès continue au TGI Ouaga 1.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page