Le Collectif des avocats de Me Guy Hervé Kam a animé, ce 31 mai, une conférence de presse. Objectif affiché : éclairer l’opinion sur les récents développements de cette affaire. En effet, l’avocat a été libéré puis arrêté le 29 mai dernier. Selon ses Conseils, il a été conduit hier de la Section de Recherche de la Gendarmerie nationale au Tribunal militaire où le juge d’instruction du Cabinet N°2 a décidé de le mettre en examen. Il est soupçonné d’être mêlé à une affaire de “complot contre la sûreté de l’Etat et d’association de malfaiteurs”. Il a été ainsi placé sous mandat de dépôt et gardé à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Le dossier est en instruction selon ses avocats. Les auteurs de l’arrestation de leur client cherchent, disent-ils, à “régulariser la procédure”.
Les avocats de Me Guy Hervé Kam affirment ne pas comprendre la procédure en cours contre leur client. “Nous sommes les premiers à être embrouillés. Même en tant qu’avocat ayant plus de 20 ans de carrière, je vous assure que je n’ai jamais vu cela. Ce type de procédure, non !”, déclare Me Prosper Farama, l’un des avocats de Me Kam. Et de poursuivre : “Si vous me demandez actuellement de quelle procédure il s’agit, est-ce la même procédure de départ ou pas, on n’est même pas capable de vous le dire”.
Selon lui, il s’agit d’un rétropédalage initié pour corriger des problèmes formels liés à la conduite de cette affaire par ceux qui ont arrêté son client depuis janvier dernier.
“Je pense que, quelque part, quelqu’un est conscient de ce qui a été fait. Mais comme souvent, les êtres humains que nous sommes, peut-être nous y compris, on n’a pas l’humilité d’accepter nos torts et de repartir, de nous corriger, on cherche à justifier”, a-t-il indiqué. L’interprétation de cet avocat inscrit au Barreau du Burkina sur cette affaire est que ceux qui ont arrêté Me Kam “veulent régulariser quelque chose qui n’est pas régularisable pour pouvoir dire qu’on respecte la légalité”.
Par ailleurs, la défense estime qu’il y a eu une triple violation de la loi à l’égard de Guy Hervé Kam et de ses avocats.
Et d’expliquer : “La première violation est la violation des droits fondamentaux de
Guy Hervé Kam. La deuxième violation est l’empêchement des Avocats à exercer leurs activités de défense et d’assistance d’un justiciable. La troisième violation de la loi est le non-respect de la procédure qui s’applique à un avocat dans l’espace UEMOA”.
En outre, le Tribunal administratif de Ouagadougou a ordonné en mars dernier, à la direction de la surveillance du territoire, de libérer l’avocat Guy Hervé Kam. Cette décision a été confirmée le 23 avril 2024 par la Cour administrative d’appel.
“Mettez-vous à la place de son épouse, mettez-vous à la place de ses enfants”, lance Me Farama. Rappelant les derniers développements de l’affaire ayant consisté en ce qu’il a appelé “une pseudo-libération” de Me Kam.
“Dans quel pays avez-vous déjà vu qu’on peut détenir quelqu’un pendant quatre mois sans une procédure judiciaire ? Nous avons fait le tour de toutes les juridictions. Quelle procédure? Aucune procédure. Tout le monde nous a dit qu’il n’y a pas de procédure”, a-t-il lancé aux journalistes présents à cette conférence.
Selon lui, rien n’a changé. “L’irrégularité qui a émaillé cette procédure a corrompu tout, a parasité tout. Nous sommes toujours dans l’illégalité. On ne peut pas dire qu’à partir d’hier, l’affaire Kam est dans la légalité. Il est toujours dans l’illégalité. Et cette illégalité tire sa source depuis le 24 janvier”, renchérit Me Séraphin Somé, un autre avocat de Me Kam.
“Les décisions du Tribunal administratif et de la Cour d’appel n’ont point été exécutées et cela nous fait très peur”, dit-il.
Ainsi, la défense de Me Kam lance un appel au Président Ibrahim Traoré. “Si l’État du Burkina vient à ne plus exécuter les décisions de justice, c’est un signal effrayant. Le premier responsable du pays a même prêté serment de respecter cette constitution et de garantir la justice à tous ceux qui vivent sur cette terre du Burkina. Est-ce que sur le terrain, c’est ce qu’on constate ?”, s’est-il interrogé avant de répondre par la négative.
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