L’affaire suscite de grosses indignations. L’intersyndicale des greffiers du Burkina est elle aussi montée au créneau, le 30 juillet, pour condamner l’intrusion de militaires dans la procédure judiciaire relative à l’affaire dite « guérisseuse de Komsilga ». Cette immixtion « renforce le sentiment d’impunité », affirme-t-elle dans une déclaration parvenue à 24heures.bf.
Les faits sont suffisamment graves. Et l’intersyndicale des greffiers du Burkina le dit sans détours : cette ingérence qui « renforce le sentiment d’impunité et sape le moral des acteurs judiciaires est inadmissible et incompréhensible, surtout dans le contexte actuel de crise sécuritaire éprouvante ».
Le 28 juillet, le Procureur du Faso près le tribunal de grande instance Ouaga II avait annoncé l’interpellation de neuf personnes pour des faits « de séquestration, coups et blessures et complicité ». Cette interpellation fait suite à une vidéo dans laquelle un quinquagénaire est violemment bastonné par des jeunes. Un groupuscule de militaires encagoulés et armés, à bord de deux pickups et d’un blindé, ont extrait la prévenue au petit matin du 29 juillet des mains des gardes de sécurité pénitentiaire.
Pour l’intersyndicale des greffiers, ces agissements constituent « une entrave au bon fonctionnement de l’institution judiciaire et une remise en cause extrême de l’indépendance de la justice ». Ils « fragilisent davantage la Justice pourtant garante des libertés individuelle et collective dans un Etat de droit comme le Burkina Faso », indique le communiqué.
Face à cette situation, l’intersyndicale « invite le gouvernement à user de ses prérogatives pour que la mise-en-cause retourne entre les mains de la Justice pour la suite de la procédure ». Elle n’exclut pas, en fonction de l’évolution de l’affaire, d’envisager d’autres mesures de protestation éventuelles.
L’intersyndicale des magistrats a également affiché sa position concernant cette affaire. Elle a appelé, le 30 juillet, à la suspension des activités relevant des prérogatives des magistrats. Le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou avait également évoqué la possibilité de saisir le Conseil supérieur de la magistrature.