Le procès de l’affaire dite « guérisseuse de Komsilga » s’est ouvert le 23 août au tribunal de grande instance Ouaga 2. Après s’être accordés sur le renvoi du dossier pour la date du 6 septembre, les avocats de la défense se sont évertués à formuler une demande de mise en liberté provisoire pour leurs clients. La requête a été rejetée.
« Nous savons tous le rôle considérable de cette jeune dame dans notre société. La police a fait des constats et depuis cette affaire, il ya eu des morts sur son site », déclare Me Mohamed Sita à l’endroit du tribunal.
En effet, dès la première audience de cette affaire, tenue le 9 août dernier, les avocats de la défense se sont axés sur le rôle « humanitaire » de dame Larissa Nikiema dite Adja de Komsilga. Ce matin au TGI Ouaga 2, ils ont également mis l’accent sur ce point.
« Si vous allez sur le site, si vous voyez ces milliers de personnes, de par sa simple présence, elle apporte une satisfaction psychologique », s’exclame Me Mohamed Sita.
« La détention est une mesure exceptionnelle. On ne doit en aucun cas considérer la détention comme une punition.Vous vous direz que deux semaines, c’est peu. Mais je vous assure que même une seconde pour quelqu’un qui a perdu sa liberté, c’est infernal », renchérit Me Tilado Romain Soubeiga. Me Guitanga Samuel va dans la même logique : « Deux semaines, ce n’est pas long pour une personne bien portante. Pour une personne souffrante, deux semaines, c’est une éternité ».
Les avocats des prévenus ont affirmé devant le tribunal que la famille de la victime et celles des prévenus se sont pardonnées. Pour eux, le pardon échangé entre les deux familles fait de cette affaire une « simple procédure judiciaire ».
« Pour les sept autres prévenus, cinq sont des pères de famille. Les autres sont des jeunes à la fleur de l’âge qui n’ont jamais eu affaire à la justice. Tenez à leur qualité de jeunes. Nous savons que le père est le poumon de la famille. J’ai eu de multiples échanges avec eux et la seule chose qu’ils m’ont demandé, c’est comment avoir des nouvelles rapides de leurs familles », déclare Me Mohamed Sita. Il plaide ainsi pour la mise en liberté provisoire de ses clients.
Le procureur s’oppose
« Nous ignorions que nous avons capturé le messi. On dit que depuis que nous avons capturé le « messi », il y a des morts par dizaine », ironise-t-il. Il s’oppose fermement à la mise en liberté provisoire des prévenus. « Je suis sensible à l’importance sociale qui vient d’être développée. Mais pendant que des gens meurent, on demande encore des renvois. Nous sommes garant de la représentation des prévenus. Nous vous demandons de rejeter cette demande de mise en liberté provisoire », déclare-t-il.
Le tribunal, après une brève concertation, rejette la demande de liberté provisoire formulée par les conseils et renvoie le dossier pour être jugé le 6 septembre.