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Burkina Faso/Affaire charbon fin : Le déballage des minerais a commencé (TGI Ouaga 1)

Les clés des scellés des conteneurs ont finalement été retrouvées. Dans la matinée du 9 octobre, le Tribunal ordonne l’ouverture des scellés. Un premier conteneur est alors ouvert et les constatations faites. Le ministère public se dit cependant insatisfait et demande le déballage des sachets contenant les échantillons de la cargaison afin que les corps dits solides soient présentés au tribunal.

Les experts, le représentant de la société Essakane SA, masques au visage et portant des gants, ouvrent le conteneur et font sortir des sachets de couleur blanche. On y trouve aussi des sacs. Les contenus sont déballés. Apparaissent alors des corps solides : des scories et des briques réfractaires selon les explications de la Société minière IAMGOLD Essakane SA.

Débats « houleux » 

Le président du Tribunal demande au représentant de Essakane SA d’expliquer ce qu’il appelle « scories » et « briques réfractaires  » et de quantifier ces matières. « Sur une échelle de 1 à 10, à combien vous quantifiez les scories qui se trouvent dans le contenu de ce conteneur ? », demande-t-il au représentant de Essakane SA. Ce dernier demande aux experts de répondre. « 98 ou 99% sont des scories », affirme le métallurgiste Joël Ilboudo.

Et Marcelin Ziba, avocat du Réseau national de lutte anti-corruption (REN LAC), d’interroger : « Comment le contenu de la cargaison a-t-il été obtenu étant donné que vous dites que votre incinérateur était en panne ? »

« Nous avons installé en 2016, la machine d’incinération au Burkina où nous avions commencé le traitement. Mais une panne a entraîné l’interruption », a-t-il répondu.

« Les briques font-elles partie des dérivés du charbon fin ? « , demande Me Prosper Farama, également avocat du REN-LAC. Essakane SA répond par l’affirmative.

« Qu’est-ce qu’un dérivé du charbon ? « , relance l’avocat.

« C’est ce qui est récupéré après incinération du charbon fin », affirme Essakane SA qui ajoute que « les corps solides retrouvés dans le sac sont des briques réfractaires issues du processus d’incinération ».

Alors, demande le président du Tribunal : « Qu’est-ce qu’un dérivé ?  »

« Ce sont les résidus du charbon fin « , répond Essakane SA.

Le président du Tribunal poursuit son questionnement : « Comment nous sommes-nous retrouvés avec des matériaux d’une telle taille après l’incinération ? À quel stade a-t-on les scories ? »

« C’est au stade de fusion », affirment les experts.

Le président du Tribunal pose alors une question à Essakane SA: « À quel moment a-t-on les scories? »

« C’est une fusion qui se fait; à l’intérieur se trouve de l’or à l’état liquide », répond la société.

Le président ordonne l’ouverture des sachets contenant des corps dits solides

Dans ces sachets, se trouvent les échantillons de la cargaison.

Le président invite les parties impliquées à se rapprocher pour voir le contenu. Les experts font sortir des sachets, des minerais semblables à des pierres, de couleur blanche et d’autres de couleur grise. L’expert Ilboudo présente à l’assemblée, un corps solide de couleur grise qu’il a appelé scorie.

Il présente aussi d’autres minerais dans de petits sachets qui, selon lui, étaient emballés à l’intérieur de la cargaison.

Selon l’expert Ilboudo, ce pourrait être des éléments étudiés. L’expert Gomina présente une autre matière appelée « dérivé de cendre ». 

Le président du Tribunal pose à nouveau la question à Essakane : « qu’est ce qu’un dérivé? ». « Résidus de cendre « , répond un représentant de la société.

Et au parquet d’interroger : « dans le rapport, il est dit qu’il y a des corps où l’or est perceptible ». L’expert Ilboudo répond que c’est à la loupe que l’or est visible mais qu’il n’avait pas de loupe ici.

Les experts présentent ensuite des sachets qui contiennent des minerais de couleur grise. C’est dans ces matières que les experts déclarent que l’or est perceptible. Mais pour ce premier groupe, il faut une loupe pour que l’or soit visible. Un deuxième sachet est présenté. A ce niveau, l’or est perceptible à l’œil nu selon les experts.

La défense interroge alors les experts: « pourquoi a-t-on besoin de loupe pour voir l’or dont vous parlez? »

Réponse : « Ce qu’on vous dit à été certifié par les géologues. Il faut la loupe pour certifier la présence de l’or ».

Les experts estiment la quantité d’or à 764 grammes par tonne. Et il y a, en tout, 440 tonnes dans la cargaison.

Après les débats, le président du Tribunal demande la fermeture du premier conteneur.

Le BUMIGEB, Essakane SA et Bolloré Transports et Logistics sont appelés à procéder au scellage du conteneur ouvert, en présence du huissier de justice.

Le président du Tribunal demande l’ouverture du deuxième conteneur.

À l’intérieur, deux sacs contenant également des corps solides de différentes tailles.

Les sacs, selon les experts, contiennent principalement des scories et des blocs de cendre. Ces matières dites corps solides sont semblables à des pierres de couleur grise. Les corps solides sont sortis des sacs et présentés au Tribunal. Il y a dans ces corps solides, des grains d’or visibles à la loupe selon l’expert Ilboudo.

Le président demande aux experts de décrire le contenu. L’expert Gomina présente une scorie qui, selon lui, contient des grains d’or visibles à l’œil nu.

« Est-il normal qu’on ait assez de présence d’or à cette étape de l’exploitation? » Cette question du président du Tribunal n’aura pas de réponse avant que Me Farama lance une question à l’endroit de Essakane SA :  » Ce matériau est-il traité de la même manière que le charbon fin pour extraire les minerais? La réponse est non, selon Essakane.

L’avocat poursuit : « Est-ce la même procédure d’exploitation? ». Oui, répond Essakane SA.

Le procès se poursuit au Tribunal de grande instance Ouaga 1. A suivre sur 24heures.bf .

Lire aussi| Burkina Faso/Affaire charbon fin : les conteneurs enfin ouverts 

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