L’analyste politique Siaka Coulibaly a animé, ce 4 août, un panel au Mémorial Thomas Sankara. Thème : “Révolution au Burkina Faso du CNR au MPSR2 : mêmes maux sociétaux, quelle thérapie innovante à appliquer ?”. Le conseiller spécial chargé des questions juridiques à la Primature relève des dissemblances ainsi que des ressemblances entre le Conseil national de la Révolution (CNR) du Capitaine Thomas Sankara et le Mouvement patriotique pour la sauvegarde de la partie (MPSR 2), au pouvoir depuis le 30 septembre 2022. Il suggère au régime du MPSR2, la prise en compte de certains éléments, indispensables, dit-il, dans une vision révolutionnaire. Notamment les dissemblances entre l’idéologie politique du MPSR2 et celle du Conseil national de la Révolution (CNR).
Selon Siaka Coulibaly, l’une de ces dissemblances réside dans les aspects idéologiques. Un problème de non formalisation théorique de l’idéologie politique du MPSR2 est perceptible. Selon lui, la Révolution démocratique et populaire de 1983 avait prévu une ligne politique avant son avènement. “Les travaux théoriques étaient faits avant le 4 août 1983”, affirme-t-il. Ce qui n’est pas le cas du MPSR2. C’est au fur et à mesure, dit-il, que l’on découvre les caractéristiques de l’idéologie politique du MPSR2.
Une deuxième dissemblance entre les deux régimes, selon l’analyste Coulibaly, est le fait que le pouvoir du CNR était basé sur “les organisations pré-révolutionnaires existantes”. Il ne nomme cependant pas ces organisations. Le panéliste estime que l’absence de ces organisations de base constitue une faiblesse pour le MPSR2. Il interpelle ainsi les membres de ce régime à reconsidérer cet aspect.
En plus de ces éléments, Siaka Coulibaly souligne que le CNR disposait de comités représentatifs dans toutes les structures de la société. Ces comités constituaient des relais de l’idéologie prônée par le CNR en son temps. Ils constituent un moyen de pérennité de l’idéologie politique, dit-il. “Si les gens savent qu’en éliminant un individu à cause de son idéologie, des milliers d’autres existent, les tentatives de déstabilisation n’auront pas lieu”, souligne le panéliste. Et il ajoute que “cela cessera quand ceux qui tentent d’éliminer se rendront compte que même après élimination du leader, son idéologie demeurera”. Semon lui, cet élément est un enjeu principal actuellement pour le régime du Capitaine Traoré.
L’analyste politique relève également des points de similitudes entre les deux Régimes “revolutionnaires”. A savoir l’internationalisme qui, dit-il, est une caractéristique fondamentale de la révolution.
“Tout mouvement doit sortir des limites du territoire”, insiste-t-il. Cela consiste à étendre la vision révolutionnaire au-delà des frontières d’un pays. Il indique que la création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) est une illustration de cette caractéristique. Il vise aussi, dit-il, à compenser les lacunes individuelles et à minimiser les risques dans chaque État de la Confédération.
Dans les deux cas, le panéliste évoque une approche de rupture avec des habitudes qui ne conviennent plus. Cette volonté de changement est appuyée, dit-il, par une organisation à dominance militaire. Ainsi, la présence des militaires est ressentie à tous les niveaux de la gouvernance.
L’analyste politique insiste sur la nécessité de prendre en compte les dissemblances évoquées pour l’aboutissement de la lutte engagée. Parce que, dit-il, le Capitaine Ibrahim Traoré a confirmé sa vision de s’inspirer de l’idéologie du “Père de la révolution du 4-Août” pour la mise en œuvre de sa vision politique.
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