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Burkina Faso : 3 choses à retenir sur Thomas Sankara, le père de la révolution

Les quatre années au pouvoir ont réussi à marquer d’une trace indélébile le souvenir de Thomas Sankara dans les mémoires des Burkinabè et des africains. Arrivé au pouvoir par coup d’Etat le 4 août 1983, ce natif de Yako dans la province du Passoré a su insuffler une nouvelle dynamique à la Haute Volta devenue par ses soins le Burkina Faso.

Les termes « révolutionnaire », « anti-impérialiste » et « féministe » semblent coller à la peau de l’homme tellement il a su les incarner. Thomas Isidore Noël Sankara est connu pour son verbe, son franc-parler et surtout sa détermination farouche à sortir son pays, le Burkina Faso, du sous-développement.

Thomas Sankara, le révolutionnaire

Après avoir pris le pouvoir, il dirige d’une main de fer la Haute Volta. Dans le but d’être entièrement indépendant, le capitaine développe un concept, « le consommons local ». Il encourage les masses populaires à consommer les produits locaux. Il investit dans la formation des agriculteurs. En 1986, le Burkina Faso devient autosuffisant, un véritable exploit à l’époque.

Il voulait également et surtout arriver à se départir de l’aide des puissances occidentales. L’une de ses phrases célèbres s’inscrit dans cette dynamique : « l’aide, tant qu’elle n’aide pas à se départir de l’aide, il faut s’en débarrasser ».

En juillet 1987, à Addis-Abeba, à la tribune de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), il appelle l’Afrique à ne pas payer sa dette aux pays occidentaux : « la dette ne peut pas être remboursée parce que si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, nous allons mourir. Soyons-en sûrs également ». Il va plus loin en affirmant qu’ils sont étrangers à la dette.

Thomas Sankara, l’anti-impérialiste

Les rapports entre Thomas Sankara et la France étaient tendus. Dans ses discours, il dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme de la France en Afrique. Il tisse plutôt  des liens avec la Libye de Mouammar Kadhafi et le Ghana de Jerry John Rawlings. Il se lie également d’amitié avec des pays du bloc socialiste. Il passe une semaine en URSS, du 25 septembre au 1er octobre 1984. 

Lors de la visite de François Mitterrand à Ouagadougou en novembre 1986, les gorges s’échauffent et le Che Guevara d’Afrique donne une leçon de droits de l’Homme à son hôte quant à l’accueil en France des dirigeants de l’Afrique du Sud encore sous le joug de l’apartheid. Il avait déclaré un jour : « la politique africaine de la France, je la trouve très française ».

Thomas Sankara, également féministe

Alors que les femmes sont encore sous le joug du patriarcat, le Capitaine nomme trois femmes dans son gouvernement en 1983. A l’époque, c’est du jamais vu. Une année plus tard, en 1984, il décrète une journée où les hommes sont appelés à faire le marché et faire les tâches ménagères afin que la femme se repose. Évidemment, cette journée ne sera pas respectée par tous, mais l’appel a été entendu et certains se sont pliés volontiers à la requête du président. 

Pour accroître le revenu des femmes, les fonctionnaires sont invités à porter le “Faso dafani”, tissé par celles-ci. Il met des politiques en place visant à mettre fin aux mariages forcés, à l’excision, à la prostitution… Thomas Sankara va plus loin en décrétant le paiement du salaire des hommes fonctionnaires à leur femme, afin que celle-ci puisse mieux faire face aux charges financières du ménage.

Les années de gouvernance de Thomas Sankara ne sont pas si roses. La mise en place des Comités de défense de la révolution (CDR) chargés de mettre la révolution en marche et de surveiller la population, a causé, par moments, des torts au sein de la population. Mais ces torts sont restés silencieux, car c’est la révolution.

Comme Thomas Sankara lui-même aimait le dire, « On peut tuer un homme, mais pas des idées » ; « tuer Sankara et plusieurs Sankaras naîtront » ; c’est le moins que l’on puisse dire quand on voit toute l’effervescence qu’il y a autour de son nom et de son idéal. En voulant faire disparaître le Capitaine, celui qui a appuyé sur la gâchette ce fameux 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente, a juste réussi à cultiver le mythe autour de sa personne.

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