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Burkina : bientôt un Centre pour l’accompagnement juridique et psychosocial des enfants

Au regard des difficultés rencontrées par les enfants en conflit avec la loi, l’ONG Children Believe initie un projet qui vise à mettre en place un Centre légal de protection des enfants. Ce Centre aspire à accompagner les enfants afin qu’ils bénéficient d’une meilleure prise en charge au niveau de la justice. Le projet se veut multisectoriel : accompagnement juridique et psychosocial des enfants. Pour mieux comprendre le fonds du projet, 24heures.bf a mené un entretien avec un spécialiste de la protection des mineurs de Children Believe, Julien Ouédraogo.

24heures.bf : A quels besoins répond le projet de la mise en place d’un Centre légal de protection des enfants ?

Julien Ouédraogo : Le projet de Centre légal de protection des enfants fait suite à un constat sur le terrain. Ce constat s’articule autour de la frange jeune de la population. Selon les données de la Banque mondiale, plus de 44,6 %  des enfants du Burkina Faso ont moins de 14 ans. Il y a également le constat d’une prévalence du travail des enfants sur les sites aurifères et également dans les champs de coton et autres. 

A cela s’ajoutent les actes de violence dont les enfants sont victimes, des violences basées sur le genre, des abus et des exploitations sexuelles, des violences physiques. On note l’absence de mécanismes purs de protection et de réinsertion sociale prenant en compte les besoins des enfants. C’est partant de tous ces constats que ce projet est mis en œuvre dans le but d’apporter une prise en charge psychosociale et accompagner de façon gratuite les enfants en conflit avec la loi sur le plan de la justice.

Quels sont les résultats attendus ?

Il y a deux résultats majeurs attendus dans le cadre de ce projet. Il s’agit entre autres  du renforcement des capacités des institutions et des acteurs de mise en œuvre. Les mécanismes de prévention et de réponse par rapport à la violation des droits des enfants seront renforcés. C’est le premier résultat attendu.

Il faut aussi que l’engagement budgétaire des structures gouvernementales et le cadre juridique  de politique de la protection de l’enfant et contre l’exploitation et la violence soient renforcés. Cela nécessite des plaidoyers auprès des structures étatiques enfin qu’il y ait plus de budget pour la prise en charge des enfants ayant besoin de protection.  L’engagement politique et des structures étatiques qui travaillent dans le domaine de la protection de l’enfant devrait aussi être renforcé dans le cadre de ce projet.

Quels seront les critères pour bénéficier de l’aide du Centre ? 

Il faut d’abord être enfant, c’est l’un des premiers critères. La cible principale, ce sont les enfants et leurs familles qui sont soit victimes, soit en conflit avec la loi. Ils vont bénéficier d’une prise en charge psychosociale et d’un accompagnement, au besoin gratuit, afin d’avoir accès à la justice.

Le Centre prévoit-il un accompagnement pour la réinsertion des enfants une fois leur peine purgée ?

A la suite de l’étude de diagnostic qui a été fait, il y a eu des recommandations. Nous avons tenu un forum au cours duquel il y a eu des contributions de plusieurs acteurs intervenants dans le domaine de la protection de l’enfant. Effectivement, les gens ont soulevé la question de la réinsertion sociale, mais au-delà de cette réinsertion, il y a la question de la réparation dans le cadre de la médiation pénale. C’est-à-dire que lorsqu’un enfant est en conflit avec la loi, il est généralement envisagé que l’on puisse trouver des solutions alternatives. 

Les solutions alternatives, c’est d’éviter la prison à l’enfant. Cependant, pour que la médiation pénale puisse aboutir, il faut aussi la réparation de préjudices causés par l’enfant. Ce sont des paramètres qui ne sont vraiment pas pris en compte dans le cadre de ce projet. C’est vrai que nous avons des ressources pour l’accompagnement en matière de protection et en matière de gratuité d’accès à la justice et l’assistance juridictionnel des enfants en conflit avec la loi, mais il s’agit d’une prise en charge holistique, qui prend en compte tous les besoins de l’enfant. 

Il n’est donc pas exclu que nous puissions accompagner des enfants parce que souvent, il y a des problématiques qui font que lorsqu’il n’y a pas de solution durable envisagée,  l’enfant peut récidiver. Nous sommes en train de finaliser le projet ; on pourrait donc envisager cela.

Combien d’années prendra le projet pour sa mise en place effective ? 

Le projet doit démarrer d’ici fin mars 2023 si tout va bien. Cette phase pilote est prévue pour 36 mois et à partir de 2024, il y aura un plan qui sera mis en place pour essayer d’étendre le projet à certaines zones prioritaires. Il est aussi envisagé dans la stratégie la mobilisation continue des ressources pour que, à la fin de la phase pilote, le projet puisse continuer à fonctionner.

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