
Le ton monte entre Paris et Alger. En effet, suite à la décision de l’Algérie d’expulser 12 fonctionnaires français de son territoire le 13 avril, la France a répliqué. Elle a annoncé, le 15 avril, le rappel de son ambassadeur en Algérie pour consultation. Et décidé d’expulser 12 Algériens en fonction sur le territoire français.
Le torchon brûle entre Paris et Alger. “Les autorités algériennes ont choisi l’escalade. Nous répliquons comme annoncé”, a déclaré, hier, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot sur son compte X. Cette décision intervient suite à une décision semblable prise par les autorités algériennes. Paris estime que la décision d’Alger “injustifiée et incompréhensible”. La France aurait voulu résoudre selon lui le problème par le dialogue. Mais il estime que l’Algérie ne souhaitait pas cette option. “ Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique. Nous expulsons 12 agents algériens et rappelons pour consultation notre ambassadeur”, affirme-t-il.
La tension entre les deux pays est montée d’un cran vendredi dernier. Douze fonctionnaires français en poste en Algérie ont été sommés de quitter le territoire algérien dans un délai de 48 heures, à compter du 13 avril. La France avait demandé à l’Algérie de se raviser. Avec cependant un air de menace : “Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n’aurons d’autres choix que d’y répondre”.
Jean-Noël Barrot avait pourtant annoncé, le 6 avril, “une nouvelle phase” des relations entre les deux pays. “La France souhaite tourner la page des tensions actuelles et reconstruire un partenariat d’égal à égal”, avait-il affirmé lors d’une visite en Algérie. Mais pour combien de temps ?
Selon Paris, la décision d’Alger d’expulser 12 agents français fait suite à “l’arrestation et la mise en examen de trois ressortissants algériens” en France.
Mais que s’est-il passé en réalité entre ses deux pays?
Les faits remontent à avril 2024. Un influenceur et opposant algérien, “Amir DZ”, aurait été victime d’une tentative d’enlèvement en France. Il s’y était réfugié en raison de sa position radicale vis-à-vis du régime algérien. L’opposant, lui, accuse les autorités algériennes d’être derrière cette tentative d’enlèvement.
La France décide alors de mener des investigations. Après plusieurs mois d’enquête, trois individus sont mis en examen selon le parquet anti-terroriste. Parmi eux, un employé du consulat d’Algérie en France.
Le lendemain 12 avril, le ministère algérien des Affaires étrangères annonce avoir reçu en audience l’ambassadeur de France en Algérie. Il exprime “sa vive protestation suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire l’un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français”. Et il demande sa “libération immédiate”.
“L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette affaire sans conséquence tout comme elle veillera à assurer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire”, avait-il déclaré.
En juillet 2024, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Paris. Accusant la France d’avoir soutenu pleinement le plan d’autonomie proposé par le Maroc sur le Sahara occidental. Alors que ce territoire était revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
En novembre 2024, la tension entre les deux pays est encore montée d’un cran. Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, est arrêté à l’aéroport d’Alger. Il est accusé d’avoir tenu des propos critiques contre le régime algérien. Il a été jugé en mars 2025 et condamné à cinq ans de prison fermes en Algérie pour “atteinte à l’intégrité du territoire”. La France avait exprimé son regret face à cette condamnation. Et avait demandé sa libération.