
L’Union européenne célèbre chaque 9 mai, la journée de l’Europe. En prélude à cette activité, la Délégation de l’Union européenne au Burkina a rencontré des journalistes le 5 mai. “Sur la période 2021-2024, environ 300 millions d’euros (près de 196,8 milliards de FCFA) ont été investis dans la coopération bilatérale entre le Burkina Faso et l’Union européenne”, affirme le chef de la Délégation de l’Union européenne au Burkina, Marc Duponcel.
C’est une évidence. Le défi majeur du Burkina aujourd’hui est la quête de sécurité. L’Union européenne affirme être également dans cette dynamique.
La coopération militaire entre l’UE et le Burkina est certes suspendue depuis 2022. Mais cela n’est pas synonyme d’absence de coopération entre les deux parties. Selon Marc Duponcel, le montant investi par son institution au Burkina est “assez considérable”. Sur le plan sécuritaire, l’Union européenne finance, dit-il, à 100% un hélicoptère utilisé pour les navettes entre la capitale burkinabè et les zones confrontées à des difficultés humanitaires. Ou les zones “à forts défis sécuritaires”. “C’est un hélicoptère que l’on finance à 100% et qui va rester ici certainement jusqu’à la fin de 2025”, rassure Duponcel.
Cet appareil est mis à disposition pour la flotte humanitaire gérée par les Nations Unies. Il transporte des passagers dans un cadre humanitaire. Mais il peut aussi être utilisé pour du fret (transport de vivres, de médicaments, etc.)

Selon ce diplomate européen, “la reconquête de la paix marche avec deux jambes” : une jambe sur la sécurité et une jambe socio-économique. L’UE affirme avoir travaillé “dans les zones fragiles”. Il s’agit, selon Marc Duponcel, d’occuper la jeunesse pour éviter qu’elle tombe dans le piège des groupes extrémistes. Cela permet, du même coup, de “minimiser les conflits”. “Pour les aspects de sécurité, on intervient en amont. Par exemple, concernant la cohésion sociale, nous œuvrons à résoudre les conflits ou à les minimiser afin d’éviter qu’ils prennent forme”, explique-t-il.
A cela s’ajoutent les défis liés au foncier, aux conflits agriculteurs/éleveurs, etc. Des projets régionaux également axés sur la prévention et la gestion des conflits. “Dans les zones affectées par les défis sécuritaires, notre travail consiste à aider l’État à remettre en marche les services, les écoles et les structures de santé”.
La coopération se déroule, selon Marc Duponcel, sur la base de discussions menées avec le pays hôte, conformément aux priorités du gouvernement. “Nous travaillons vraiment en très bonne intelligence avec tous nos partenaires”, affirme l’ambassadeur de l’Union européenne au Burkina, Daniel Aristi Gaztelumendi.
Concernant le volet stabilisation, l’UE affirme travailler principalement dans deux zones. D’abord, l’axe Ouagadougou-Kaya-Dori-Djibo. “C’est un programme en cours. Nous fournissons du soutien aux populations. Nous facilitons leur résilience. Dans ce cadre, nous apportons du soutien aux autorités locales et facilitons la cohésion sociale grâce à différents projets”, explique le représentant de l’UE.
Deuxième zone d’intervention : le “Grand-ouest”, notamment les Hauts-Bassins, la Boucle du Mouhoun et le Centre-ouest. Le programme lancé en 2024 devrait permettre d’intervenir dans la région des Cascades.
Axes principaux de la coopération : développement humain, notamment les écoles, l’éducation, la cohésion sociale. Mais aussi les chaînes de valeurs agroalimentaires. Là, un soutien est apporté pour la production agricole par exemple.
Le domaine de l’énergie n’est pas en marge. En 2021, l’UE a accordé une enveloppe de 23 millions d’euros (environ 15 milliards de FCFA) pour renforcer les capacités de production de la centrale solaire de Zagtouli, près de Ouagadougou. Ce financement a permis de porter la production de cette centrale de 33 à 50 mégawatts.
L’UE finance aussi le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) et la Semaine nationale de la Culture (SNC).

Infrastructures routières et d’assainissement sont également au programme. Par exemple, la réalisation du canal de Tanghin, à Ouagadougou. Elle est financée par l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement. Le projet permettra de réaliser un canal de drainage des eaux pluviales de près de 5 km et la ceinture verte de Ouagadougou jusqu’à l’entrée du parc urbain Bangr-weogo. Objectif : réduire les inondations et les pertes en vies humaines et la prévalence des maladies liées au manque d’assainissement. Il est prévu, dans ce cadre, 1 200 emplois et des activités génératrices de revenus,
Vers une reprise de la coopération militaire ?
Selon Marc Duponcel, l’UE et le Burkina pourraient reprendre, “ dans les prochaines années, leur coopération sur le plan sécuritaire. Elle est suspendue depuis les coups d’État de janvier et septembre 2022.
Cette reprise dépend “du dialogue politique en cours”, affirme le Chef de la Délégation de l’Union européenne au Burkina.
D’ailleurs, dans cette perspective, le représentant spécial de l’Union européenne pour les pays du Sahel sera au Burkina en début de semaine prochaine. Le sujet pourrait être abordé.
“En fonction du dialogue politique, on peut reprendre la coopération militaire peut-être pas cette année, mais les années à venir”, ajoute-t-il.
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