
Le Professeur Macaire Samdpawindé Ouédraogo, ancien président de l’Université Nazi Boni (UNB) de Bobo-Dioulasso, a comparu ce 7 avril, au tribunal de Grande instance de Bobo. Il est poursuivi pour des faits présumés d’abus de fonction, de détournement et blanchiment de capitaux. Ces accusations font suite à une dénonciation du Comité régional anti-corruption des Hauts-Bassins (CRAC/Hauts-Bassins). Le prévenu ne reconnaît pas les faits. Après environ 8 heures de débats, le tribunal a suspendu l’audience et renvoyé le dossier au 5 mai prochain.
Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) s’est constitué partie civile. Selon lui, les faits se sont déroulés entre décembre 2017 et août 2022. A cette période, Pr Macaire Ouedraogo était président de l’Université Nazi Boni.
Il lui est reproché d’avoir “signé une reconnaissance de dette au profit d’une entreprise. Alors qu’il n’y a pas eu au préalable de contrat entre l’Université Nazi Boni et cette entreprise”.
Voici la petite histoire : l’université a abrité le 5 mars 2021, la deuxième édition de la “journée nationale de reconnaissance du mérite”. Cette cérémonie a été marquée par une dotation de toges à plus de 300 lauréats composés d’enseignants et de chercheurs. Le marché de la confection des toges aurait été attribué à une entreprise par le président de l’UNB d’alors, le Professeur Macaire Ouedraogo. Problème cependant : la procédure n’aurait pas été conforme aux textes réglementaires selon le REN-LAC.
Et à ce sujet, le prévenu s’explique : cette deuxième édition des journées nationales de reconnaissance du mérite n’était pas inscrite dans le plan d’action annuel de l’université. “ C’est le ministère qui a décidé que l’UNB organise cette édition”, explique-t-il. De ce fait, il fallait réussir, dit-il, l’organisation de cette activité.
Selon les conseils du prévenu, leur client avait environ deux semaines pour organiser l’activité. Et compte tenu de l’urgence, il ne pouvait agir autrement, ont-ils avancé.
Autre grief : l’ex-président de l’Université Nazi Boni aurait attribué un espace public à un particulier “sans appel à concurrence”.
Il s’agit des alentours de la présidence de l’université Nazi Boni, située dans le quartier Lafiabougou, à Bobo-Dioulasso. Cet espace aurait été attribué à une dame, Aminata Ouédraogo, pour un parking, un restaurant, une boutique et un endroit de lavage d’engins.
Mais selon le Professeur Macaire Ouédraogo, l’autorisation d’occuper cet espace avait été actée en collaboration avec la mairie de l’arrondissement 6 de Bobo. Et il indique avoir entrepris ces actions dans le but d’augmenter les recettes de l’université.
Troisieme point : signature d’une convention de partenariat entre l’Université Nazi Boni et le média en ligne bobolais Ouest.info. Selon la partie civile, cette signature devrait préalablement faire l’objet d’appel d’offres. Mais pour le prévenu, le domaine de la communication ne faisait pas partie du plan de passation des marchés. C’est en fonction des activités que le comité d’organisation désignait les médias à inviter, a-t-il expliqué.
L’ex-président de l’UNB serait aussi mêlé à un présumé détournement de carburant d’une valeur d’environ un million de francs CFA.
Le dossier a été renvoyé au 5 mai. Le tribunal veut voir clair dans cette affaire. Des témoins vont ainsi défiler à la barre à la prochaine audience. A suivre.