
Djeneba (nom d’emprunt) a comparu ce 27 mai devant les juges du tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Âgée de 19 ans, elle est poursuivie par son compagnon Moussa (nom d’emprunt), âgé, lui, de 67 ans. Ce dernier l’accuse de lui avoir soutiré la somme de 1 200 000 FCFA.
Djeneba suit des cours d’auxiliaire en pharmacie à Bobo-Dioulasso. Elle aurait rencontré Moussa grâce à l’un de ses professeurs. Ce dernier aurait confié la jeune fille à son ami Moussa afin qu’il l’aide à trouver un stage en pharmacie. L’étudiante de 19 ans et sa nouvelle connaissance (67 ans) se seraient ainsi rapprochés…
À la barre, Djeneba raconte le début de leur relation : « Il m’a amenée une première fois chez lui; c’était la nuit. Puis une deuxième fois pendant la journée ». Le tribunal lui demande alors si Moussa était son copain. “Oui”, répond la jeune fille. Mais Moussa conteste cette version : « Ma copine ? C’est trop dire ». Il affirme n’avoir jamais eu de relation intime avec elle.
La prévenue a réussi, selon lui, à soutirer la somme de 1 200 000 FCFA dans sa chambre. « Après les deux premières fois qu’il m’a amenée chez lui, on ne s’était plus vus », raconte la jeune fille. « Le 8 mars dernier, j’ai décidé de lui faire une visite surprise ». À son arrivée, elle rencontre Moussa à la porte, sur le point de partir au travail. « Il m’a dit d’entrer. Je suis restée seule à l’intérieur avec la fille de ménage », poursuit-elle.
Mais par la suite, elle s’est introduite dans la chambre de Moussa. « Je savais où se trouvait l’argent. Une fois, il a ouvert le coffre devant moi dans la chambre. Et j’ai vu où il avait déposé la clé », relate Djeneba. Ce jour-là, elle réussit à soustraire une enveloppe contenant un million de francs CFA.
Mais elle ne s’arrête pas là. Elle revient un autre jour, sans informer son copain. Cette fois, elle réussit à soutirer la somme de 200 000 FCFA du même coffre. Mais en sortant de la chambre, elle est surprise par la fille de ménage. L’information parvient à Moussa à son retour du travail. Malgré ses multiples tentatives, Djeneba refuse de reconnaître les faits.
« Qu’avez-vous fait de l’argent ? », lui demande le parquet. « Je me suis payé une formation en pâtisserie et une autre en informatique. Je me suis aussi acheté des habits », répond-elle. Elle affirme également s’être offert un téléphone portable et avoir effectué des sorties dans des restaurants huppés de la ville avec ses copines.
Le plaignant décide cependant de ne pas se constituer partie civile. « Ses parents sont venus me voir au moins cinq fois et m’ont demandé de retirer la plainte », explique-t-il. Il consent à la retirer et affirme ne rien réclamer en retour.
Le ministère public estime cependant que l’infraction de vol est constituée. Il souhaite donc que la prévenue soit déclarée coupable. Dans ce cadre, il demande au tribunal de prendre en compte certains éléments dans sa décision finale. « Il y avait une relation entre les deux. De plus, Djeneba a reconnu avoir pris, en plus des 200 000 FCFA, la somme d’un million, alors que Moussa n’en avait même pas connaissance », souligne le procureur. Il évoque également le statut d’« apprenante » de la prévenue, estimant qu’une condamnation ferme pourrait nuire à sa carrière. Il requiert donc une amende de 500 000 FCFA avec sursis.
Le conseil de la prévenue, Me Adama Ramdé, lui, plaide pour la relaxe de sa cliente. « C’est une affaire de couple. La prévenue était donc chez elle », lance-t-il aux juges. Il met aussi en lumière les circonstances de leur rencontre : « Djeneba a été confiée à Moussa pour qu’il l’aide à trouver un stage ». Là, il questionne la pertinence du fait que Moussa l’ait conduite chez lui, soulignant que « la maison n’est pas une pharmacie ». Et au final, il souhaite “que l’affaire soit réglée en famille”.
La prévenue demande la clémence du tribunal : « Je regrette profondément les faits. Cela ne se reproduira plus jamais. Je demande pardon ».
Le tribunal, après avoir écouté l’ensemble des parties, déclare Djeneba coupable de vol. Et la condamne à 12 mois de prison assortis de sursis et à une amende de 500 000 FCFA, également avec sursis.