Les deux prévenus, Alassane Konaté et Zacharia Souly, étaient, le 13 mai, à la barre du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Ils sont poursuivis pour des faits de vol aggravé. Selon la présentation des faits à l’audience, ils auraient été pris, en février dernier, en flagrant délit de Soustraction de bouteille de gaz de 6 kg, d’un poste téléviseur et de la somme de 2 000 FCFA au domicile du plaignant, Salia Sanou. Konaté reconnaît partiellement les faits. Mais son acolyte, Zacharia Souly, nie catégoriquement. Le ministère public, après analyse du dossier, a demandé que Alassane Konaté soit retenu dans les liens de la prévention pour vol aggravé. Il a également demandé au tribunal de le condamner à 5 ans de prison fermes et à payer une amende ferme d’un million de francs CFA. Zacharia Souly, lui, peut prendre une bouffée d’oxygène. Le ministère public a requis sa relaxe pour infraction non constituée. Mais la dernière décision revient au tribunal. Le dossier a été mis en délibéré. Les juges entendent vérifier l’identité réelle du prévenu Alassane Konaté. Il a utilisé des identités différentes lors de ses précédentes comparutions.
Les faits remontent au 27 février dernier, explique le ministère public. Alassane Konaté et son compagnon, Zacharia Souly, tous aides-maçons, se seraient introduits dans le domicile de Salia Sanou. Et ils auraient tenté d’y soustraire une bouteille de gaz de 6 kg, un poste téléviseur et la somme de 2 000 FCFA. Mais la situation a mal tourné pour eux. Selon les faits exposés à l’audience, ils auraient été pris en flagrant délit et conduits à la gendarmerie.
Ce 13 mai, Konaté est le premier à passer à la barre. Il avait déjà été condamné, en 2024, à 24 mois de prison dont 12 mois fermes, précise le tribunal. Il était poursuivi pour des faits de vol. Et voilà qu’une nouvelle affaire lui tombe sur la tête.
Il reconnaît partiellement les faits. « Nous avons pris seulement la bouteille de gaz », affirme-il. Et le poste téléviseur et 2 000 FCFA ? Là, il s’en lave les mains.
Selon lui, ils n’avaient pas, au départ, l’intention de voler en s’introduisant dans le domicile de Salia Sanou. « En rentrant du travail, nous avons eu soif et nous sommes entrés dans la cour pour demander de l’eau », explique-t-il. « Quand nous sommes rentrés, nous n’avons trouvé personne. Nous avons alors décidé de forcer la porte de l’une des maisons afin de voler ».
Son présumé acolyte, Zacharia Souly, était ressorti, dit-il, pour surveiller les alentours afin que personne ne les surprenne. Lui, Alassane Konaté, était chargé “d’opérer” à l’intérieur de la maison.
Voici à présent Zacharia Souly à la barre. Il ne reconnaît pas les faits. Il présente plutôt une version différente de celle d’Alassane Konaté. « Alassane m’a dit qu’il allait entrer dans la cour pour se soulager, et moi je l’attendais dehors », explique-t-il.
Et il poursuit : « Quelques minutes après, un jeune homme est arrivé et m’a demandé si j’avais vu quelqu’un entrer dans la cour. J’ai répondu oui, en précisant que c’était mon compagnon et qu’il y était entré pour se soulager. »
« C’est quand ce dernier est entré à son tour dans la cour que j’ai entendu crier ‘au voleur’. », explique-t-il au tribunal.
C’est donc avec étonnement qu’il dit avoir appris son implication dans cette affaire de vol. « C’est quand ils l’ont fait sortir qu’il m’a indexé en disant que j’étais complice », affirme Zacharia Souly.
Et le poste téléviseur? Konaté affirme ne l’avoir pas touché. « Quand je suis rentré dans la maison, j’ai vu le poste téléviseur déposé au sol. Mais je ne l’ai pas touché », raconte-t-il. Sa version diffère de celle présentée par le parquet. Selon le ministère public, qui cite le plaignant, le poste téléviseur était accroché au mur, et les prévenus l’auraient décroché pour le poser au sol.
Concernant le billet de 2 000 FCFA, il a été retrouvé, selon Zacharia Souly, dans la poche de son coaccusé, Alassane Konaté lors de la fouille qui s’en est suivie.
Le ministère public, après examen des faits, estime que le vol aggravé est constitué à l’encontre de Alassane Konaté. « Il a lui-même reconnu avoir forcé la porte et tenté de soustraire une bouteille de gaz », affirme le parquet. Il demande donc que ce dernier soit reconnu coupable de vol aggravé. En ce qui concerne Zacharia Souly, le parquet estime que les faits de vol aggravé ne sont pas établis. Il a donc requis sa relaxe.
Pour Alassane Konaté, le ministère public a requis une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende ferme de un million de francs CFA, rappelant qu’il avait déjà été condamné en 2024 à 24 mois de prison dont 12 fermes.
Le tribunal a alors soulevé un autre point problématique concernant Alassane Konaté. En 2024, ce dernier a comparu devant la juridiction pour des faits de vol. Il s’était présenté sous l’identité d’Alassane Zerbo, né en 1994 et exerçant le métier de maçon. Pourtant, à l’audience de ce jour, il s’est présenté comme Alassane Konaté, né en 1995 et plombier de profession.
Face à cette incohérence, le tribunal lui a demandé s’il s’agissait bien d’une même personne. Alassane Konaté a confirmé, expliquant que Zerbo est en réalité le nom de sa mère.
Le tribunal a alors décidé de mettre le dossier en délibéré au 27 mai prochain, le temps de vérifier l’identité réelle du prévenu.
Salomon TAPSOBA (Correspondant à Bobo-Dioulasso)
