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Ouagadougou : Des citoyens du quartier Patte-d’Oie vident des caniveaux “pour freiner le paludisme”

C’est bientôt la saison des pluies. À Ouagadougou, la capitale burkinabè, cette saison est parfois caractérisée par la montée des eaux près de certains domiciles. Provoquant souvent des inondations et de nombreux dégâts. Cela est dû, en partie, aux actes d’incivisme. Certains citoyens jettent en effet des ordures qui finissent par boucher les caniveaux. D’autres par contre sont conscients des risques encourus. Ils savent que leur santé dépend en partie de la propreté de leur cadre de vie. Au quartier Patte-d’Oie par exemple, nous avons rencontré ce 30 avril, des jeunes hommes et femmes en train de curer les caniveaux. 

Certains tiennent des pelles. D’autres des pioches. Chacun à la tâche. Ils apportent ainsi leur contribution pour un cadre de vie et de travail sain. L’initiative se déroule à quelques encablures du rond-point de la Patte-d’Oie.

Des jeunes engagés pour le curage des caniveaux

“Nous sommes en train de curer les caniveaux pour empêcher les eaux de stagner”, explique Boukary Nana, commerçant dans cette zone. Il s’agit, dit-il, de libérer les caniveaux pour éviter des maladies comme le paludisme. Première cause de mortalité au Burkina. Une maladie causée par l’anophèle femelle. Et favorisée par les saletés et les eaux stagnantes, sources potentielles de gîtes larvaires.

Selon les données du ministère de la Santé du Burkina, le paludisme représente le principal motif de consultation et d’hospitalisation dans les hôpitaux et centres de santé. Pour la seule année 2023, le pays a enregistré 10 199 441 cas de paludisme dont 502 077 cas graves et 5 203 décès. 3 721 des décès liés au paludisme concernent des enfants de moins de 5 ans, soit près de 72%.

En travaillant sous un soleil de plomb en ce mois d’avril, Boukary Nana et ses voisins entendent apporter leur contribution afin de freiner la propagation de cette maladie.

Après le curage des caniveaux…

“Nous voulons contribuer à l’assainissement de la ville. On ne nous a pas obligés à le faire. Nous voulons juste rendre l’environnement sain”, déclare Issouf Sakandé, vendeur de pneus. Précisant qu’il ne s’agissait pas d’un travail forcé. En effet, ces dernières semaines, des travaux semblables sont confiés aux usagers de la route ayant enfreint aux règles de la circulation. Par exemple le non-respect des feux tricolores, le fait de rouler dans un sens interdit ou de communiquer en pleine circulation.

« Nous devons être propres autour de nous. Nous réduisons ainsi le taux d’infection par le paludisme dans notre pays”, Pascal Ilboudo. Avant de lancer un appel à ses concitoyens : que chacun nettoie la devanture de sa maison.

« Notre fierté d’être Burkinabè doit nous conduire à rendre propre notre cadre de vie. Nous devons rendre notre pays propre”, affirme-t-il avec force.

Parmi les volontaires engagés pour un cadre de vie propre à la Patte-d’Oie, de jeunes femmes. Aicha Nikièma, commerçante, y participe avec quelques membres de sa famille. Non loin de là, elle vend divers produits dont des céréales et du lait.

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Pour elle, au-delà de la propreté recherchée, il s’agit d’implorer la clémence des autorités communales. “Nous voulons occuper l’espace pour faire notre commerce. En assainissant cet environnement, nous espérons que les autorités auront une oreille attentive à notre requête”, affirme-t-elle.

La police les avait sommés, elle et d’autres commerçants, de quitter cet endroit. Dame Nikiema confie cependant qu’au-delà du plaidoyer, le curage des caniveaux permettra d’évacuer plus facilement les eaux de pluie. Et offrir ainsi un cadre de vie et de travail sain.

Les autorités locales adhèrent à cette dynamique citoyenne. La police municipale a par exemple fourni des tricycles, des pelles et des brouettes. Afin de faciliter le travail et permettre l’évacuation des ordures hors de la ville.

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