
La police municipale a interpellé plusieurs personnes ce matin dans la ville de Bobo-Dioulasso. Il s’agit, entre autres, d’individus qui n’ont pas respecté le feu tricolore et les autres signaux du code de la route. Ils ont été conduits aux abords du boulevard de l’Indépendance. Et sommés de débarrasser les caniveaux longeant la chaussée de leurs ordures. Le nombre d’“inciviques”, estimé au départ à une centaine, a finalement augmenté. Selon la police municipale, il s’agit de plus de 400 personnes.
L’opération a débuté aux environs de 6h. Jusqu’à 12h, heure à laquelle nous avons quitté les lieux, les véhicules de la police municipale continuaient de convoyer d’autres personnes sur le site. Des jeunes mais aussi des personnes âgées. Pioches, pelles et brouettes à la main, chacun s’activait à vider les caniveaux.
Cherifa Camara, élève dans un établissement technique de la “ville de Sya”, a quitté la maison tôt ce matin pour se rendre à l’école. Elle s’est finalement retrouvée en train d’effectuer des travaux d’intérêt général, pour avoir “brûlé” un feu tricolore.
« Le feu était à l’orange. Je ne me suis pas arrêtée; j’ai voulu forcer le passage. C’est en ce moment-là qu’il est passé au rouge », confie-t-elle, avec regret. Et elle regrette visiblement son acte : « Au lieu de m’arrêter au feu pendant une minute, me voici en train de travailler au soleil pendant des heures ».

Issouf Diéni est également dans la même situation. Il était à bord de son véhicule lorsque la police l’a interpellé, raconte-t-il. « Je me rendais en ville. Arrivé au feu tricolore, j’ai franchi la ligne de quelques mètres avant de m’arrêter », explique-t-il. Les agents de police l’ont ainsi appréhendé.

Ismaël Compaoré, lui, s’en prend à la police. « Le feu tricolore était bien au vert quand je traversais. Malgré cela, ils m’ont arrêté », déplore-t-il. Il estime donc être innocent dans cette affaire. « J’invite vraiment la police à redoubler de vigilance », insiste-t-il.

Selon la police municipale, ces “ouvriers d’un jour” devront curer le maximum de longueur possible des caniveaux avant d’être relâchés. « Pour le moment, ils n’ont pas vraiment la volonté de travailler. Vu leur nombre, cela devrait pourtant aller très vite », confie un policier ayant requis l’anonymat.

Les travaux d’intérêt général liés à l’incivisme routier ont débuté en avril dernier. Après la ville de Ouagadougou, cette mesure a été étendue à plusieurs localités du pays. Le 27 avril dernier, 152 jeunes ont été interpellés à Banfora, dans la Comoé, selon l’Agence d’Information du Burkina (AIB). Le 28 avril, la police nationale du Centre-Ouest a emboîté le pas. À Koudougou, 68 usagers de la route ont été contraints d’effectuer des travaux d’intérêt général pour non-respect des feux tricolores et des panneaux de signalisation, selon la mairie de la “cité du Cavalier rouge”. D’autres villes comme Gaoua, Fada N’Gourma et Dori ont également lancé cette opération.
Une initiative qui vise, selon la police municipale, “à lutter contre l’incivisme routier et rendre les villes propres”.