
La Bourse du travail de Ouagadougou a refusé du monde ce 1er mai, à l’occasion de la fête du travail. Le président du mois de l’Unité d’action syndicale (UAS), Abdoulaye Ernest Ouédraogo, a évoqué “la difficile situation que vivent les travailleurs burkinabè”. Une situation marquée, entre autres, par des atteintes aux libertés syndicales, dit-il. Ces atteintes se traduisent, selon lui, par “des licenciements abusifs des représentants des travailleurs”.
Selon Abdoulaye Ernest Ouédraogo, les lignes n’ont pas bougé. “Les atteintes graves et répétées aux libertés individuelles et collectives que les syndicats dénoncent depuis quelques années se poursuivent”, déplore-t-il. Elles sont faites, selon lui, d’enlèvements et de réquisitions forcées. A cela s’ajoutent des remises en cause de la liberté d’expression et de presse, des menaces ouvertes contre “ceux qui osent émettre des opinions critiques”.
Aussi, ce 1er mai est-il l’occasion pour eux de réitérer leur appel aux autorités en lien notamment avec le respect des droits humains. Les atteintes aux libertés syndicales se traduisent, selon M. Ouédraogo, par des licenciements abusifs des représentants des travailleurs. L’UAS, qui regroupe des centrales syndicales et des syndicats autonomes, plaide donc pour la libération de “toutes les personnes arrêtées en dehors des procédures légales”. Et pour que cessent “les recherches policières contre certains de leurs camarades”. Elle fait ainsi allusion au cas de Moussa Diallo, Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina Faso (CGT-B). Il a échappé, en janvier 2024, à une “tentative d’enlèvement”. Et depuis lors, il est absent de l’espace public. Le gouvernement a par la suite procédé à son licenciement. Il était enseignant-chercheur en philosophie affecté au Centre universitaire de Manga, rattaché à l’Université Norbert Zongo.
Parmi les personnes interpellées “hors de toute procédure judiciaire”, les journalistes Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB). Ils ont été arrêtés, le 24 mars, et emmenés par des individus se présentant comme du service de renseignement vers une destination inconnue. S’en suivra celle de Luc Pagbelguem, journaliste à la télévision privée BF1. Des vidéos diffusées via les réseaux sociaux présentent les trois journalistes au front.
L’UAS a par ailleurs mentionné le projet de loi portant liberté d’association qui, selon elle, tarde à être introduit à l’Assemblée législative de transition (ALT). Pour les syndicats de travailleurs, leur situation, à l’image de celle des autres couches populaires, est très difficile. En plus d’être confrontés aux conséquences de la crise sécuritaire et humanitaire, les travailleurs font face, selon l’UAS, à divers prélèvements sur les salaires et primes. En l’occurrence la retenue de 1% des salaires et de 25% sur les primes de motivation des travailleurs qui en bénéficient.
La commémoration du 1er-Mai est un hommage à la lutte héroïque menée par les ouvriers de Chicago en 1886. Cette lutte a permis d’arracher au profit des travailleurs, un acquis de taille : la journée de travail de huit heures.