
Le procès sur l’“affaire président du tribunal de grande instance de Banfora” s’est poursuivi ce 29 avril, au tribunal de grande instance Ouaga 1. Au total dix-sept personnes ont été entendues à la barre aujourd’hui. Essentiellement des victimes. Certaines en relation directe avec le juge Yoda, d’autres par l’intermédiaire d’une tierce personne mais toutes présentes au tribunal. L’un des principaux intermédiaires est Dagnoagou Yoda, acquéreur de neuf parcelles qu’il a revendues à d’autres personnes.
59 500 000 FCFA. C’est la somme totale que M. Dagnoagou Yoda a déboursé pour l’acquisition des neuf parcelles : sept parcelles à 6 500 000 FCFA chacune et les deux autres à sept millions chacune. Cette victime a déclaré à la barre, contrairement à ce qu’a fait croire Sidaty Yoda, que ce dernier comprend bel et bien la langue dioula et que toutes leurs conversations étaient d’ailleurs en dioula.
Abdoulaye Sanou, lui, est l’ami intime de Sidaty Yoda. A la barre, il déclare : “Il m’a appelé un jour pour me dire qu’il va faire une mutation de parcelle à mon nom”. Mais Sidaty Yoda ne semble pas reconnaître ces faits non plus.
Le magistrat va même jusqu’à remettre en cause les affirmations de son ami ainsi que leur amitié. Du statut d’ami, Abdoulaye Sanou est devenu pour lui aujourd’hui, une simple connaissance.
Il ne reconnaît aucunement avoir remis de documents de parcelles à M. Sanou. Après quelques questions et observations, Me Prosper Farama, avocat du Réseau national de lutte anti-corruption, fait remarquer que M. Sanou n’est ni victime ni partie civile. Il a plutôt le statut de témoin, dit-il. Une opinion que partage le président du tribunal.
Quant à sa signature présente sur certains documents de parcelles, Abdoulaye Sanou est catégorique lorsque Me Mamadou Sombié, Conseil des prévenus Tera et Ganamé, lui demande s’il la reconnaît. “Non”, répond-t-il. Et il poursuit : “ça ressemble un peu à ma signature mais ce n’est pas ma signature”. Me Farama affirme alors que Sidaty Yoda a monté de faux dossiers.
Dans cette affaire, plusieurs victimes ont reconnu avoir été conduites, au moins une fois, dans le bureau du procureur Yoda.. Elles ont échangé avec lui. Elles l’ont également entendu dire que les parcelles appartenaient à la mairie et que leur vente ne poserait pas de problème. Plusieurs d’entre elles ont payé d’importantes sommes, à l’image de Dagnoagou Yoda.
Sidaty Yoda, lui, ne reconnaît pas ce que les victimes avancent. “Concernant la première victime, je ne reconnais pas lui avoir dit qu’il y avait des parcelles en vente. Je ne me rappelle pas non plus avoir dit à la deuxième victime qu’il y a une liste de terrains en vente à la justice”. Et il poursuit : “Je ne me rappelle pas non plus que Tera m’ait appelé pour dire qu’il a reçu l’argent issu de la vente de parcelles”. En somme, Sidaty Yoda ne reconnaît rien de tout ce qui se dit sur lui.
Une autre catégorie de victimes à la barre. Aucun problème au niveau des documents de leurs parcelles. Mais plutôt des problèmes de parcelles proprement dites. Leurs terrains auraient été revendus par Sidaty Yoda et ses deux co-accusés sous le prétexte que ce sont des parcelles retirées par la mairie. Elles étaient également à la barre pour donner leurs versions des faits et se soumettre aux questions de la Cour.
A l’issue du témoignage des victimes, les avocats de la partie civile feront remarquer que ce n’est pas seulement à Banfora que Sidaty Yoda a vendu frauduleusement des terrains. Des noms d’autres villes sont ressortis dans les témoignages. Entre autres, Bobo, Sindou, Niangoloko. Et Me Farama de déclarer que c’est toute la région qu’il a failli vendre.
Face au refus catégorique du principal présumé dans cette affaire, des avocats de la partie civile ont mentionné l’existence d’audios dans lesquels on reconnaît clairement la voix de M. Yoda échangeant avec Lamine Tera. On fait écouter les audios à la Cour. Cette fois, le magistrat reconnaît que c’est sa voix dans les audios même si l’explication du contenu pose problème…