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Bobo-Dioulasso : De supposés “gérants de Bizzi” condamnés à 24 mois de prison

Lui et son épouse sont poursuivis pour des faits présumés d’escroquerie. Ils se faisaient passer pour des “gestionnaires de prostituées” sur les réseaux sociaux. Et pour cela, ils ont créé des pages Facebook telles que Love TV, Plan Bizzi, Plan B, Awa Plan, Nafi Plan, Sandie Plan et Chanel Plan. Ils y diffusaient des photos et vidéos de jeunes filles avec un numéro de téléphone. Les personnes intéressées devaient verser au minimum 10 000 F CFA pour entrer en contact avec ces filles. Après le paiement, les clients étaient bloqués. Cette escroquerie a fait environ 1 600 victimes et généré près de 15 millions FCFA. Le tribunal les a tous déclarés coupables. Et les a condamnés à 24 mois de prison dont 12 fermes pour l’époux. Et une amende ferme de 1 million de F CFA chacun.

Ce sont des étudiantes de Bobo-Dioulasso qui ont déposé la plainte. Pour mener à bien leur projet, le couple aurait lancé une campagne de collecte de Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) auprès des étudiantes. Ils ont prétendu que ces CNIB serviraient à un projet d’installation de GPS dans des véhicules. Celles qui acceptaient de donner leurs CNIB recevaient en contrepartie la somme de 5 000 FCFA. Mais en réalité, les CNIB collectées ont été utilisées pour acheter des puces, précise le parquet.

Lorsqu’un client contactait le numéro associé aux publications, l’époux lui confirmait que les filles étaient disponibles. Mais pour entrer en contact avec elles, il fallait envoyer une somme d’argent via mobile money. Le montant variait, selon le ministère public, entre 10 000 et 30 000 FCFA. Une fois la transaction effectuée, l’époux transmettait effectivement un numéro. Ce numéro ne menait cependant à aucune « fille de joie », mais plutôt à l’épouse du monsieur. Cette dernière faisait savoir au client qu’elle n’était pas disposée à sortir avec lui. Le numéro du client était ensuite bloqué.

Ils ont été finalement arrêtés le 20 janvier dernier par la gendarmerie. Et le 29 janvier, ils ont été présentés au Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ) de Bobo-Dioulasso. Ils ont reconnu les faits, déclarant même pratiquer cette escroquerie depuis plus de huit ans.

À la barre ce matin, ils n’ont pas changé de position. « Oui, je reconnais les faits », ont-ils affirmé tour à tour. L’époux, E.T, explique avoir été inspiré par des pages similaires sur les réseaux sociaux. « Nous avons vu cela sur Facebook et nous avons décidé de le faire », a-t-il déclaré. Le tribunal lui demande alors ce qu’il a fait de l’argent. « Nous avons acheté des habits et payé la connexion internet », répond l’époux. Il évalue à près de 3 millions FCFA la somme qu’ils ont pu réunir dans cette affaire. Mais à ce sujet, le tribunal a fait ses évaluations. Le nombre de victimes étant estimé, selon les résultats de l’enquête préliminaire, à 1600, et la somme minimum encaissée par personne étant de 10 000 FCFA, cela s’élève à plus de 15 millions de francs.

Son épouse, R.O, a du mal à lever la tête. Couverte d’un voile blanc, elle affirme avoir été entraînée dans cette affaire par son mari. Le tribunal lui demande si elle était consciente de la gravité de la bonne pratique. Elle répond par l’affirmative.

Selon le parquet, il s’agit de faits très graves. « E.T savait qu’il n’avait pas de filles à sa disposition, mais il a tout de même encaissé 10 000 FCFA par personne », souligne-t-il. « Et sa femme a reconnu qu’elle savait que ce n’était pas une bonne pratique ». Le ministère public estime que l’infraction est établie concernant les deux accusés. Il a donc requis qu’ils soient déclarés coupables des faits d’escroquerie. Et qu’ils soient condamnés à 24 mois d’emprisonnement avec sursis, assortie d’une amende de un million de francs CFA dont 500 000 FCFA ferme pour chacun.

Le conseil des prévenus a, lui, demandé au tribunal de faire preuve d’indulgence. Car selon lui, les prévenus ont bien appris la leçon. « Mes deux clients ont bénéficié d’une liberté provisoire. Et quand ils sont repartis chez eux, chacun a repris ses activités”, a-t-il déclaré. Il précise que l’époux, E.T, est vétérinaire et sa femme, restauratrice.

Le tribunal a tranché. Il a déclaré le couple coupable des faits d’escroquerie. La condamnation est individuelle. E.T écope d’une peine de 24 mois d’emprisonnement, dont 12 mois fermes, et d’une amende ferme d’un million FCFA. Le tribunal a également décerné contre lui un mandat d’arrêt. Son épouse, R.O, est condamnée à 24 mois d’emprisonnement avec sursis et à une amende ferme d’un million de francs CFA.

Salomon TAPSOBA

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