
Le baptême de rues se poursuit en hommage aux compagnons de Thomas Sankara tombés le 15 octobre 1987. Après les cinq premiers martyrs immortalisés dans la journée du 19 mai, c’est au tour de quatre autres (Emmanuel Bationo, Hamadou Sawadogo, Noufou Sawadogo et Abdoulaye Gouem) de voir leurs identités attribuées à des avenues de la ville de Ouagadougou. Précisément au secteur n°54 de l’arrondissement 12. Et en présence des représentants des familles des défunts.
La cérémonie a été présidée par la quatrième vice-présidente de la Délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Sidonie Dao/Ouédraogo, représentant le PDS. Selon elle, ces martyrs étaient des dignes fils engagés et dévoués aux côtés des autres compagnons de lutte, contre l’impérialisme et le néocolonialisme. Ils “ont donné de leur vie pour l’émancipation et l’édification d’une société burkinabè nouvelle, libre, indépendante et prospère”. Une société nouvelle “débarrassée de l’injustice sociale, de la domination et de l’exploitation séculaire de l’impérialisme”.

C’est pourquoi la rue n° 54.55 est désormais appelée “Avenue Emmanuel Bationo“. Il était Sergent-chef au moment des faits. Né en 1957 à Réo dans la province du Sanguié, M. Bationo était père de trois enfants. Deux d’entre eux, Nadège Kantiono, sa fille aînée, et son frère Becquet Polycarpe Bationo, étaient présents à la cérémonie. Ils ont affirmé n’avoir pas vraiment connu leur père. Mais ils estiment que c’est un grand soulagement de voir aujourd’hui la nation burkinabè reconnaître ses mérites. Même si la situation n’a pas toujours été facile après le départ du père, leur mère, Henriette, les a éduqués, scolarisés afin de faire d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui.

La rue n°54.45, elle, a été baptisée “Avenue Hamadou Sawadogo”. Sergent-chef. Il est né le 10 juin 1957 à Gourcy dans le Yatenga. Et assassiné quatre jours seulement après sa prise de service à la Présidence. Abdoul-Aziz Romaric Sawadogo, son deuxième fils, a été témoin de la cérémonie ce matin. Pour lui, avoir pensé aux familles des martyrs est une bonne initiative. Même si les attentes sont “toujours vives et nombreuses”.

Noufou Sawadogo était de la garde présidentielle au moment des faits. Son identité est désormais associée à la Rue n°54.75. Il était soldat de première classe, né en 1960 à Gasseleki, à Arbinda. Sa famille, par la voix de Jean-François Sawadogo, remercie tous les acteurs ayant œuvré pour qu’une rue lui soit dédiée. Même si 38 ans se sont écoulés, cette décision des autorités “est à saluer”, affirme-t-il. Selon lui, il n’est jamais tard pour bien faire. A son décès, Feu Noufou Sawadogo n’avait pas d’enfant. Le représentant de la famille a par ailleurs souhaité le retour de la paix au Faso.
Chauffeur à la présidence du Faso au moment de son assassinat, Abdoulaye Gouem fait partie des compagnons d’infortune du Capitaine Sankara. La rue n°54.60 porte désormais son nom. A son décès, il a laissé une veuve et cinq enfants. Sa fille, Belem/Gouem Mamounata, était présente à la cérémonie.
“Je suis ravie de cette cérémonie. Les mots me manquent pour exprimer ma gratitude aux autorités”, affirme-t-elle. La vie, à un moment donné, a été, dit-elle, une traversée du désert. Mais “tout cela relève maintenant du passé”.
Selon la vice-présidente de la Délégation spéciale, la commune contribue ainsi à immortaliser ces acteurs de premier plan de la Révolution d’Août. Elle contribue également à perpétuer leur mémoire et à inspirer les générations futures. Concernant surtout “l’engagement sans faille des Forces de Défense et de Sécurité”.
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