
Il a 86 ans. Il a été élu ce 3 mai, Président de la République du Togo. Il était seul candidat en lice, présenté par l’Union pour la République (UNIR), le parti de Faure Gnassingbé. Les parlementaires, issus de l’Assemblée nationale et du Sénat, réunis en congrès constitutionnel, ont ainsi porté leur choix sur Jean-Lucien Savi de Tové. Qualifié, dans la sphère politique, comme “opposant historique” sous Gnassingbé Eyadéma, père du président sortant Faure Gnassingbé.
Le trône s’éloigne-t-il désormais de la famille Gnassingbé ? Elle est au pouvoir depuis près de 60 ans. Eyadéma Gnassingbé a d’abord dirigé le pays pendant 38 ans : de 1967 jusqu’à sa mort en 2005. Ensuite son fils, Faure Essozimna Gnassingbé, a pris le relais jusqu’en mai 2025. Pratiquement 20 ans !
Le nouveau Président, Jean-Lucien Savi de Tové, a été ministre sous le régime du Président sortant. Il a été élu, ce samedi, premier président de la 5è République lors d’un congrès des parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale. Il a aussitôt prêté serment.
Il ne s’agit que d’un poste honorifique. Le véritable pouvoir reste ailleurs. En effet, la 5è République consacre désormais un poste de Président du Conseil des ministres. Cet organe politique détient les pleins pouvoirs de la magistrature suprême. Certains observateurs pensent alors que ce Conseil constitue le nouveau centre névralgique du pouvoir exécutif. Et c’est cette fonction qu’occupe désormais Faure Gnassingbé. Lui également a prêté serment aujourd’hui. Dans la pratique, il s’agit plus d’une gymnastique politique pour peut-être amadouer les puritains de la démocratie car, en tant que président du Conseil, le Président Faure Essozimna Gnassingbé reste le Chef de l’Exécutif, chef des Armées, responsable de la politique étrangère, du gouvernement et de l’administration.
Jean-Lucien Savi de Tové, le nouveau Président de la République, ne figurait pas parmi les favoris cités ces dernières semaines. Il devient le premier homme politique togolais à occuper ces fonctions sans pouvoir exécutif.
Selon la nouvelle Constitution togolaise, il devient le garant de l’unité nationale. Mais aussi de la stabilité des institutions. Il veille également au respect des symboles de l’État. Il ne participe donc pas à l’élaboration des lois, ni à la conduite du gouvernement.
Des partis d’opposition et des organisations de la Société civile ont annoncé un meeting le 4 mai pour “contester la légitimité de la nouvelle Constitution et dénoncer une présidentialisation camouflée du régime”. Ils y voient un moyen pour Gnassingbé de rester indéfiniment en place. Car, selon la nouvelle Constitution, le président du Conseil est “le chef du parti majoritaire ou le chef du premier parti de la coalition jouissant d’une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives”.
La nouvelle Constitution supprime aussi l’élection du chef de l’État au suffrage universel direct et instaure un régime parlementaire.