A la UnePalais de Justice

Burkina Faso : “Affaire président du TGI de Banfora” : Les prévenus Tera et Ganamé reconnaissent leur tort et demandent pardon

L’audience sur l’affaire dite “président du tribunal de grande instance de Banfora” est à son point culminant. Lors de l’audience de ce 30 avril, place a été faite aux avocats de la partie civile et de la défense pour leurs plaidoiries. Mais également aux prévenus. Lamine Tera et Tiga Adama Ganamé, deux des trois prévenus, ont “reconnu leur tort” et “demandé pardon au tribunal”. Sidaty Yoda, principal prévenu dans cette affaire, lui, campe sur sa position. Rejetant en bloc les faits qui lui sont reprochés à savoir stellionat et blanchiment de capitaux. Il a cependant “demandé pardon au cas où (ses) propos auraient heurté des sensibilités”. 

Les avocats de Sidaty Yoda affirment que leur client a été formel : “il n’est pas mêlé à cette affaire de vente de parcelles”. De même, argumentent-ils, les actes versés dans le dossier n’ont pas été contestés. Selon les avocats de M. Yoda, la partie civile, notamment le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), a brandit l’expérience de 20 ans de leur client. “Comme si on ne pouvait pas avoir cette expérience et être pris dans un tourment”, indiquent-ils.

La défense estime aussi que le prévenu Yoda a été “cohérent depuis le début du procès”. Sur les faits de blanchiment, personne n’a pu démontrer, selon eux, que leur client a utilisé l’argent de la vente des parcelles pour acheter quoi que ce soit ou pour en faire du profit. “On ne nous a pas présenté les preuves, on ne nous a pas démontré qu’il a utilisé ces biens dans le sens d’un blanchiment”, ont-ils déclaré.

Ils affirment en outre que les audios sélectionnés ont été produits par “les victimes”. Ils s’interrogent donc sur leur authenticité.

La défense du prévenu Yoda souhaite alors que le tribunal fasse bénéficier à leur client, de circonstances atténuantes. Ils ont aussi plaidé la clémence pour Sidaty Yoda. “Ayez à l’esprit qu’il a été un serviteur de l’État”, déclare l’un d’eux.

Place maintenant au Conseil de MM. Tera et Ganamé. Me Mamadou Sombié demande “respectueusement” au tribunal de prendre le cas de ses deux clients sous l’angle de la clémence. Il reconnaît les infractions de stellionat. Ses clients ont, dit-il, effectivement aidé à “aliéner plusieurs immeubles”. Aussi reconnaît-il qu’il y a eu fraude. Il souligne cependant ceci : “Mes clients se sont rendus compte que l’activité qu’ils ont menée était mauvaise quand les gens ont commencé à se plaindre”. Il demande donc au président du tribunal de trouver, dans sa constance de juge compétent, des solutions pour ses clients. En tenant compte par exemple de leur comportement à la barre. “Ils ont reconnu les faits malgré les menaces reçues de Sidaty Yoda de ne pas dire la vérité. Ils viendront manifester encore une dernière fois leur regret à la barre”, affirme Me Sombié. Ajoutant que le dépôt de ses clients depuis un mois et demi leur a appris que “la prison et la détention ne sont pas un jeu”. De son avis, Sidaty Yoda depuis sa prise de fonction à Banfora a commencé à nouer ses relations, à mettre son plan en marche.

Et Me Sombié d’ajouter ceci : “Quand la victime Fatogoma Fabrice Ouattara a commencé à être manipulé par le président Sidaty Yoda, il m’a contacté pour me faire cas de son inquiétude”. Le Conseil des deux prévenus affirme par ailleurs avoir eu une altercation au téléphone, ensuite dans son bureau, avec le magistrat Yoda. “Il n’a même pas voulu me saluer”, dit-il. Mais Me Sombié sera interrompu par le président du tribunal. L’avocat a cependant tenu à poursuivre affirmant qu’il s’agissait de relater ce qui est arrivé.

Il continue donc avec sa plaidoirie : “Au début, mes clients ne savaient pas qu’il y avait fraude mais à la fin, ils ont reconnu”. Me Sombié présente aussi la situation matrimoniale de ses clients pour “demander la clémence du tribunal”. “Ce sont des pères de famille”, a-t-il mentionné. “Pensez à tous ces gens qu’ils ont laissés derrière eux. Nous demandons seulement la clémence. Humblement, nous vous demandons de leur faire bénéficier de la justice en tenant compte de leur comportement”, plaide-t-il. Et il poursuit : “Les deux prévenus reconnaissent et demandent une seconde chance”.

Me Sombié plaide donc que ses clients soient condamnés à une peine de 12 mois assortis de sursis ou 12 mois dont 6 avec sursis.

Après les plaidoiries, le tribunal appelle les trois prévenus à la barre. Tera et Ganamé demandent pardon au tribunal. “Nous demandons vraiment pardon”, ont-ils répété.

Sidaty Yoda, lui, traduit sa profonde gratitude à “tout le tribunal”. Mais rejette les faits qui lui sont reprochés. Il ajoute que si par son comportement ou ses propos, il a vexé certaines personnes, il présente ses excuses. “Je n’ignore pas non plus la gravité de l’affaire qui nous réunit ici. Je présente mes excuses pour les dommages que les personnes réunies ici pourraient avoir subi”, déclare le magistrat.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page