Ils étaient nombreux à la Place de la Nation de Ouagadougou ce matin. Ils sont allés “rendre grâce à Allah le Tout-puissant pour ces trente jours de jeûne musulman qui se sont bien déroulés”. L’Aïd-el-Fitr marque en effet la fin du mois de Ramadan. Les fidèles musulmans ont prié pour la paix au Burkina Faso. Ils ont aussi prôné des valeurs de solidarité et de dialogue autour du thème “la solidarité sociale consolide la sécurité de la patrie”. Et il n’y avait pas que des musulmans à cette rencontre.
La prière a été conduite, à la Place de la Nation, par le grand imam de la grande mosquée de Ouagadougou, Cheikh Abdallah Ouédraogo. Plusieurs membres du gouvernement étaient présents : les ministres Jacques Sosthène Dingara de l’Éducation nationale, Emile Zerbo de l’Administration territoriale, Jean-Claude Kargougou de la Santé, Edasso Rodrigue Bayala de la Justice et celui de la Communication et porte-parole du gouvernement, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo.
L’empereur des Mossé, le Mogho Naba Baongo, était également présent. Ainsi que le Cardinal Philippe Ouédraogo, le PDG de Coris Bank international, Idrissa Nassa, le Cheick Mahamoudou Bandé, Aboubacar Zida dit Sidnaba… Parmi les fidèles, il y avait aussi des représentants du Corps diplomatique, des autorités coutumières et religieuses et de nombreux citoyens, tous ici ce matin pour invoquer Dieu. Pour le retour de la paix au Burkina. Pour la cohésion sociale également. Après la prière proprement dite, les fidèles musulmans sont restés attentifs aux prêches du grand imam.
A l’issue de la prière, le Cardinal Philippe Ouédraogo, s’adressant à la presse, a rappelé “les valeurs que tout le monde doit défendre” : manifester notre proximité les uns envers les autres. Il a demandé à “tous les Burkinabè de faire preuve d’amour et de respect envers les frères musulmans”. Ajoutant que la paix est un don de Dieu et que nous devons tous la défendre, la préserver. “Dieu est amour et le croyant doit faire l’effort de propager l’amour autour de lui”, a-t-il déclaré. Cette année, le carême musulman et le carême chrétien ont coïncidé et le Cardinal dit être fier des prêches de l’Imam. “Que nos efforts de carême puissent nous permettre de connaître davantage Dieu pour mieux être de vrais croyants et mieux nous aimer les uns les autres”, affirme le Cardinal.
Le Chef du département de l’Administration territoriale, Emile Zerbo, a témoigné le soutien du gouvernement aux “frères et sœurs musulmans en ce mois béni de Ramadan”. Il a déclaré qu’avec ses collègues ministres, ils sont venus, au nom des plus hautes autorités du pays, pour communier avec la communauté musulmane qui fête aujourd’hui le Ramadan après trente jours de prières, de supplications pour soi et pour Burkina. Il a remercié les fidèles pour les actes de cohésion sociale et les actions d’ordre humanitaire pendant cette période de jeûne. “Nous appelons, aujourd’hui, à la tolérance inter confessionnelle, au dialogue interreligieux. Mais aussi à la solidarité et à la complicité avec les forces de défense et de sécurité dont les actions nous permettent au quotidien, au risque de leur vie, de prier et de jeûner en toute sérénité”, a-t-il affirmé.
Dr Atimi Démé a, lui, traduit le sermon du grand imam. Là aussi, solidarité et dialogue ont été mis en avant. C’est en défendant, dit-il, ces valeurs que le Burkina pourra faire face aux obstacles. Il a mentionné qu’aucun Burkinabè ne devrait manquer de nourriture à sa table : “Celui qui en a doit partager avec ceux qui n’en ont pas”.
Le président de la communauté musulmane, Moussa Koanda, a rappelé que le mois de Ramadan est régi par des principes. Et que de ce fait, le musulman, tout comme les fidèles des autres religieux, n’a pas le droit de faire ce qu’il veut. Il doit agir selon la volonté divine. C’est pourquoi il a exhorté “tous les fidèles, tout le monde, à d’abord se cultiver aux sources de la foi plutôt que de critiquer sans comprendre. Il a par ailleurs salué la mobilisation de la communauté catholique aux côtés des musulmans. “Cela témoigne des valeurs de solidarité”, a-t-il affirmé.
